Henri III en 1577, Louis XIII, Louis XIV, ont défendu de faire de pareilles images, de les publier, exposer en vente, les acheter, avoir, tenir & garder. […] Tous les Peres tiennent la même doctrine.
Peut-être aurait-on de la peine à le croire, s’il ne l’avait dit lui-même en commençant sa Lettre. « Je ne puis plus tenir, dit-il, contre l’obstination et l’importunité de vos prières, et pour vous guérir de la crainte scrupuleuse où vous êtes que votre conscience ne soit intéressée dans les ouvrages de votre esprit, etc. […] Là de nos voluptés, l’image la plus vive, Frappe, enlève les sens, tient une âme captive, Le jeu des passions saisit le spectateur, Il aime ce qu’il hait, et lui-même est Acteur ; D’un Héros soupirant là chacun prend la place, Et c’est dans tous les cœurs que la Scène se passe.
Le public n’avoit pas besoin de décision pour sçavoir à quoi s’en tenir. […] La modestie du corps consiste de se tenir duement couvert, dans une situation honnête qui n’annonce & n’excite aucune passion. La modestie de l’esprit doit se tenir de même, & se montrer dans la décence.
Il faut que par-tout la scène, prostituée au libertinage, soit une école de galanterie, que l’amour tienne le sceptre, donne des leçons, corrompe les mœurs, renverse l’ordre, assure l’empire aux femmes, l’esclavage aux hommes, décide de la paix & de la guerre, viole les droits divins & humains, & soit enfin l’unique divinité. […] Si les Auteurs & les Acteurs s’abandonnent à la licence par goût, les spectateurs n’en sont pas moins coupables ; il ne tient qu’à eux de les corriger. […] Ignace tient le même langage.