Tendres amours enchantez nous toujours, O jours heureux ! […] Les premiers se regardent comme des étrangers sur la terre, et des Voyageurs, qui tendent sans cesse au Ciel, qui est leur patrie. […] Bien plus, il va même aux lieux où il espère de trouver ces filets tendus.
Quels sentiments auraient eus des fidèles, les païens eux-mêmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte et si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier pour n’aller pas aux spectacles ?
Graces, vertus, raison, génie, Dont il fut l’organe divin, Tendre Venus, sage Uranie, Qu’il n’implora jamais en vain : Beaux Arts dont il fut idolâtre, Dieux du licée & du théatre, Venez, descendez parmi nous ; Ce jour qui célébre un grand homme, Digne de la Grece & de Rome, Doit être une fête pour vous. […] C’est une enigme sans doute : Tendre Venus, sage Uranie, qu’il n’invoque jamais en vain. […] Il en reste des médailles, comme des Empereurs Romains, où il est représenté avec les attributs de la divinité : quels cantiques n’ont pas chanté en son honneur, les savants & les savantes, jusqu’à Madame d’Acier, dont le tendre amour pour Homere, a rempli tant de volumes, & soutenu une si rude guerre. […] Un tendre amour suffit, & vaut un Apollon.
Son poëme épique, ou soi-disant, sur la Mort d’Abel, respire par-tout une tendre piété : ce qui n’est pas un petit mérite dans un siecle où on ne la connaît que pour la décréditer & la tourner en ridicule ; du moins en Angleterre & en France : car l’irréligion n’a pas fait des progrès au-delà du Rhin, si ce n’est en Prusse. […] Le style de cet Ecrivain est doux & coulant, simple & naturel, ses images agréables, ses sentimens tendres. […] C’est un caractere aimable, un cœur tendre, un esprit tranquille, une imagination riante ; c’est un homme plein de la vie pastorale ; enchanté des agrémens de la campagne, il s’y épanche, il y pense, il en parle sans cesse, elle revient à chaque ligne au bout de sa plume. […] Cœur tendres, amant malheureux, courtisan pauvre, érudit crédule, italien superstitieux, plume facile ; des malheurs, ses amours, son siecle, sa réputation, sa dévotion, son libertinage, routes ces choses réunies dans sa personne, ont fait un ouvrage plein de beautés & de défauts, plus dramatique qu’épique, qui n’est qu’une longue comédie, faite uniquement pour le Théatre.