Le goût de l’Auteur s’annonce par le choix même des sujets. […] Foix, ne roulent que sur des sujets pieux, & sont utiles à former les mœurs ; au lieu que celles-la ne sont que des galanteries agréablement tournées, qui ne peuvent que les corrompre.
Enfin y a-t-il rien si capable d’attirer son indignation, que de scandaliser ainsi toute l’Eglise, et violer sa discipline toute pure et toute sainte par une effronterie sans pareille, et une licence si publique et si honteuse « Erubescat senatus, erubescant ordines omnes ; ipsæ illæ pudoris sui interemptrices semel erubescant », dit à ce sujet Tertullien. […] La fin à laquelle la Comédie tend d’elle-même, et le but que les Acteurs s’y proposent ; c’est d’émouvoir, d’entretenir, et de fortifier les passions qui ont rapport à leurs sujets, dans l’esprit et le cœur de leurs spectateurs, et particulièrement celles de l’amour, de l’ambition, de la jalousie, de la colère, de la vengeance, et autres semblables.
Les sujets de nos Tragédies sont ordinairement puisés dans l’Histoire, les Auteurs se font une loi de respecter les faits attestés, et loin que le Spectateur, dans les circonstances inventées s’amuse à réfléchir que ce sont des fables, les larmes que l’Acteur lui arrache prouvent assez qu’il est frappé du tableau comme il le serait de l’original. […] J’avoue qu’un attachement trop rigoureux à cette règle aurait banni du Théâtre des sujets vraiment tragiques, tels que Britannicus, Atrée et Mahomet : mais je remarque en même temps, que Néron et les deux autres monstres ci-dessus ne gagnent rien à leur triomphe qu’une horreur plus grande de la part des Spectateurs ; je le prouverai bientôt.
Nos Auteurs ne les font donc pas toujours dignes de la corde : ils les font tels que le sujet l’exige ; j’entends ceux de nos Auteurs qui savent faire des valets : M. […] Vous ne voulez pas faire à Dancourt l’honneur de parler de luidr, je n’ai pas le cœur assez corrompu pour vouloir excuser la licence des sujets qu’il a choisi ; aussi ne conseillé-je pas aux pères et mères d’affecter de faire voir ses Pièces à de jeunes filles.