Il en est de même des autres passions que l’action imitée par le Poëte Tragique, réveille dans notre ame ; & sans en dire davantage sur un sujet si connu, il est certain qu’une passion vive & agréable qui ne coûteroit rien à satisfaire, & qui ne seroit suivie ni d’un mal réel, ni même d’aucun trouble importun, passeroit dans l’esprit du commun des hommes, si elle pouvoit être durable, pour l’état le plus heureux de cette vie. […] Mais pour suivre ici le progrès de nos pensées, & chercher toujours la raison de la raison même, d’où vient que nous prenons tant de plaisir à admirer, nous qui en trouvons un si grand à mépriser ? […] Enfin les expressions qui frappent dans la Tragédie, ne sont point des paroles froides, inanimées, & pour ainsi dire, des paroles mortes, qu’on n’apprenne que par le récit du Poëte, comme dans le Poëme Epique ; ce sont, pour suivre la même image, des paroles sensibles, animées, des paroles vivantes. […] Nous sommes à peu près comme un Juge, pour suivre la même image, qui se remercieroit sur son tribunal de n’avoir pas fait les injustices qu’il découvre & qu’il condamne.
On a imaginé une comédie muette, en figures grotesques, qui se suivent par ordre, ce sont des pantins en mouvemens, une espece de pantomime animé qui joue la comédie par ressort, ce sont des marionnettes de grandeur humaine. […] On sait tout quand on sait Moliere ; on ne sait rien sans-lui, avant lui c’étoient, sur l’Univers, des sénébres plus épaisses que celles d’Egypte, & c’est la nuit la plus sombre pour tous ceux qui ne suivent point le soleil. […] Arnaud appelle la division en actes universellement suivie depuis la naissance du théatre, & dont Horace fait une regle inviolable, neve minor, nec fit quinto productior actu , une distribution puérile soumise au compas & à l’équerre, une mesure pédantesque, une bizarrerie absurde ; couper la durée d’une passion (il a voulu dire d’une action) en cinq morceaux avec une égalité de proportion (expression louche) par un partage artificiel, c’est imiter le brigand qui couchoit ses hôtes sur un lit de fer, & en les mutilant étendoit ou racourcissoit leurs membres pour les mettre à la longueur de son lit : ce ne sont que des mots.
Nous allons suivre son exemple dans le détail de la vie & des ouvrages de divers Ecclésiastiques à qui le théatre a fait oublier la sainteté de leur état. […] Mais pour suivre le plan de la liste que nous avons entrepris du Clergé Comédien, nous en dirons encore un mot. […] Viens donc, non celle qu’autre fois, Parmi la débauche égarée, Tu m’a suivis en mille endroits, De mirthe & de pampre parée, Mais sage & sans emportemens, Fais aux fureurs de la jeunesse Succéder la délicatesse, D’un voluptueux sentiment.
Aussi elle était tellement persuadée de sa fidélité, et de sa prudence, qu’elle a recommandé à son successeur dans le Gouvernement de Languedoc, de suivre en toutes choses la conduite de feu M. le Prince de Conti. […] Suivons donc cette règle qu’il nous propose lui-même ; et voyons s’il est vrai selon les sentiments des Théologiens, des Philosophes, et des gens d’esprit, « Que tous les Jeux et les Spectacles de Antiquité ont fait la plus grande et la plus solennelle partie de la Religion Païenne ». […] , « que les choses écrites par les Poètes sont au-dessous de ce que le Peuple doit suivre ; et que celles que les Philosophes enseignent, sont au-dessus de ce qu’il est expédient que le petit peuple recherche. […] ; et le Sieur Du Ryer le traduit ainsi : « Par l'appas de l'argent notre vieille gagnée Suivra la volonté que j'aurai témoigné. […] , selon la coutume de l’Afrique ayant apporté du pain, du vin, et quelques viandes aux Chapelles des Martyrs, et le Portier de l’Eglise lui ayant dit qu’il ne lui pouvait permettre de présenter cette offrande, à cause que l’Evêque l’avait défendu ; elle reçut cet ordre avec tant de respect, et d’obéissance, que je ne pus voir sans admiration qu’elle se fût si facilement résolue à condamner plutôt la coutume qu’elle suivait auparavant, qu’à examiner pourquoi on ne lui permettait pas de la suivre.