Plus la peinture en est vive, et la satire accablante, plus le spectacle est applaudi. […] Est-ce le goût du vice, ou l’amour de la vertu, que ces spectacles y excitent ? […] Que va donc voir le méchant au spectacle ? […] Le raisonnement est simple, et il n’en fallait pas davantage pour prouver qu’un spectacle qui nous dispose à les aimer, est un spectacle pernicieux. […] Est-ce au Spectacle qu’il faut l’attribuer ?
Cependant, il serait difficile d’excuser de péché mortel un jeune homme qui, sans nécessité, voudrait assister au spectacle, dans le cas dont il s’agit ; à moins qu’il ne fût d’une conscience très timorée, et qu’il ne pût s’autoriser sur sa propre expérience. […] Si les choses représentées ne sont pas notablement obscènes, et si la manière de les représenter ne blesse point gravement les mœurs, il n’y a que péché véniel à assister au spectacle sans raison légitime. […] Le spectacle par lui-même n’est point mauvais ; on ne peut donc le condamner d’une manière absolue ; mais il est plus ou moins dangereux suivant les circonstances, et l’objet des pièces qu’on y joue ; on ne peut donc approuver ceux qui ont l’habitude de le fréquenter : on doit même l’interdire à toutes les personnes pour lesquelles il devient une occasion prochaine de péché mortel. Le spectacle n’étant point mauvais de sa nature, la profession des acteurs et des actrices, quoique généralement dangereuse pour le salut, ne doit pas être regardée comme une profession absolument mauvaise : « Ludus, dit le Docteur angélique, est necessarius ad conversationem vitæ humanæ. […] D’ailleurs, il n’est pas certain que ce décret, qui était dirigé contre ceux qui prenaient part aux spectacles des païens, soit applicable ni aux acteurs du moyen âge, ni aux acteurs des temps modernes ; et il n’est guère plus certain qu’il s’agisse ici d’une excommunication à encourir par le fait, ipso facto.
Les spectacles éteignent le goût de la piété. […] une expérience journalière nous apprend qu’on perd le goût de tous les biens spirituels en s’abandonnant aux plaisirs grossiers des spectacles, que les actions même sérieuses et communes deviennent à charge, qu’on n’aime plus qu’à se satisfaire, et que ce désordre est si funeste à l’homme, qu’il ruine entièrement en lui toutes les qualités de l’esprit et du cœur, et devient la source de tous les vices. […] La mollesse, l’impudicité, l’irréligion, le blasphème, tant d’autres vices inconnus autrefois, seraient-ils si communs, si les spectacles ne les occasionnaient pas ? […] L’esprit impur serait-il en possession de tant de chrétiens, s’ils n’allaient recevoir aux spectacles de funestes impressions qui, en éteignant dans leur cœur le goût de la piété, y allument le feu des plus fougueuses passions ? […] Aussi ne trouve-t-on jamais de chrétiens aux spectacles ; et si on en trouve, dit-il, c’est une marque qu’ils ne le sont plus. » « La morale de notre religion est aussi invariable que ses dogmes ; ce qui blessait la conscience des premiers fidèles peut-il n’être pas interdit à tous les chrétiensbe ?
Les Spectacles ont-ils corrompu nos mœurs ? […] Les Spectacles sont donc utiles. […] Il faut être Jean-Jacques Rousseau pour avoir osé blâmer le Spectacle moderne. […] Le Légat d’Avignon fréquente les Spectacles. […] le ravissant spectacle de voir un balet figuré par des siècles.