Et que devient la société, si tous les crimes sont impunis ? […] En confondant ces choses, l’Auteur paroît connoître aussi peu les bienséances de la société que celles de la religion.
Le Journaliste, confus d’en avoir fait l’éloge, convient que l’ouvrage est mauvais, « loue les Ecrivains qui vengent les droits de la religion et de la société contre ceux qui se disant citoyens, ne parlant que de l’amour de la patrie, osent lui porter les plus cruelles atteintes, et s’excuse en disant que l’« Auteur étant jeune, il craignait de le décourager et de le chagriner », comme s’il fallait encourager des gens qui « portent à la religion et à la société les plus cruelles atteintes ».
Reste la dernière, mais la plus douloureuse, et la plus importune, et criarde objection, contre les Médecins, qui tâchent de purger le patient de ces humeurs peccantes, voire Païennes ; auxquelles il faut imputer ces brocards nullement Chrétiens, qu’on leur donne, les appelant Saturninsdl, Loups garous, mélancoliques, hypocondriaques, ennemis de tout plaisir, voire de toute société : Faudra-t-il donc, disent-ils, que pour l’opinion de quelque renfrogné acariâtre, nous soyons privés de tout plaisir ? Nous savons, grâces à Dieu, et ne sentons que trop, ce que demande l’état de la vie humaine en ce monde : Nous ne faisons la guerre, ni à la nature, ni à la société ; nous accordons tout ce qu’on peut alléguer, pour la nécessité des recréations ; mais nous disons, qu’elles doivent être séantes aux Chrétiens, non contraires à Jésus-Christ, ni à son Evangile ; que l’on doit en user selon la raison, non selon notre passion ; que l’on doit viser à ce qui est agréable à Dieu, et convenable à notre profession ; Qu’il faut éprouver et discerner toutes choses, et retenir ce qui est bon : Qu’il faut combattre, et repousser les mauvaises coutumes, et les scandaleux exemples, comme les plus pernicieux ennemis de l’intégrité de nos mœurs : Que si entre les Païens tels exercices de farceries et bateleries, étaient indignes d’un personnage de qualité, voir suffisaient à déshonorer ceux qui s’en mêlaient, il préjudicient bien plus à la gravité et sainteté requises en un Chrétien.
La société peut subir certaines mutations dans sa constitution, et les goûts et les passions des hommes peuvent suivre ces phases sociales et revêtir des formes nouvelles : mais la doctrine ou les saintes maximes de l’Église ne varient pas ; leur application seule peut varier et se modifier suivant les circonstances des mœurs, des temps et des lieux.