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2. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Cette piece est faite pour un théatre de société : on promet plusieurs volumes de pareilles pieces. […]  4.) blâme fort ces théatres de société, il en fait remonter l’origine au temps de Tibère. […] Celui qui commettroit dans la société ce qu’on représente sur le théatre, seroit un scandaleux : celui qui peint en action sur le théatre ce qui est un scandale dans la société, ne donne pas moins le scandale. […] Les théatres de société ont moins que d’autres le titre de la prescription. […] En même temps qu’il s’élève par-tout des théatres de société, il s’est formé dans plusieurs villes des sociétés de théatre.

3. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Les méchants sont haïs sur la scène ; sont-ils aimés dans la société ? […] Que lui importe la guerre des vautours, si la société n’a plus de colombes ? […] Il trouve même indécent qu’elles soient admises dans la société. […] La pudeur naturelle interdit-elle aux femmes la société des hommes ? […] Cet homme-là ne fait que s’anéantir pour la société.

4. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

» Cette manière directe et courageuse de terrasser un lâche imposteur paraît aussi à cet homme sensible, qui a déjà donné plusieurs autres preuves de son amour du bonheur commun, la plus sûre pour éviter de compromettre, ou confondre avec de méprisables intrus, audacieux agents d’iniquités, les hommes les plus utiles et les plus chers à la société, des magistrats intègres, des administrateurs et chefs vertueux, justes et vénérables, sincères amis de leur prince, véritables soutiens du gouvernement, qui savent faire respecter les lois en les respectant eux-mêmes. En attendant ce nouvel exemple d’un malfaiteur hypocrite appréhendé personnellement, démasqué et puni, je crois bon de donner l’extrait suivant d’une ancienne plainte, dans l’espoir de la faire concourir avec tant d’autres plus récentes du même genre, à rappeler et rétablir enfin, d’une manière stable, la sécurité et le bonheur dans une grande division de la société, dans toutes les administrations nationales, côté du domaine de la patrie, où une portion considérable de citoyens honnêtes et utiles, dont la plupart, pères de famille, végètent dans la plus grande anxiété, sont toujours dévorés d’inquiétudes, étant les éternels jouets du caprice et de toutes les passions des méchants qui les entourent. […] Comme dans une révolution du globe, les forêts étant bouleversées, les arbres déracinés sont entraînés avec confusion par des torrents qui les jètent et les entassent dans des ravins profonds, où, privés de tous les moyens de vie et de conservation que la nature leur avait préparés, ils se décomposent et tombent en corruption ; ainsi, dans notre révolution politique, la société ayant subi un grand bouleversement, les hommes déplacés ont été jetés et entassés confusément dans les administrations, dans ces ravins civils, où, dépouillés de tous les éléments dont l’âme sensible et bien née compose son bonheur, privés de toute sécurité relativement aux points qui y sont les plus essentiels, asservis de fait, ne jouissant que très-illusoirement des droits de citoyen et des bienfaits de la liberté, ils s’énervent et s’abatardissent….. ; ou souffrent cruellement dans un réel esclavage, tantôt témoins, tantôt victimes des plus révoltantes injustices, sacrifiés tour-à-tour à l’esprit de parti, aux affections de coterie, à la cupidité, à l’intrigue, à la bassesse, à l’ineptie ; et, ce qui est le comble de la honte et des tourments de leur servitude, trop souvent soumis à cette espèce d’élus devenus leurs chefs, leurs juges, les arbitres de leur sort ! […] La société veut qu’à l’âge de raison tous ses membres jouissent de leurs droits en toute plénitude, ou ne soient soumis qu’à l’empire des lois générales et positives qui la régissent ; c’est pourquoi, se défiant de la perfection de celles de la nature, voulant prévenir ses injustices ou ses erreurs, et l’amour, la tendresse paternelle, les affections intimes et cordiales d’un père pour son enfant ; les gages qu’il lui en a donnés depuis son berceau, ne paraissant pas encore à sa sollicitude des garanties suffisantes, l’enfant étant parvenu à cet âge, elle l’affranchit du pouvoir paternel, pour le mettre à l’abri de ses abus ; elle lui assure soigneusement ce que son père lui doit ; et ici, par une inconséquence trop peu sentie, elle l’abandonne et le laisse à la merci du pouvoir et des passions d’un inconnu, ou d’un étranger de fait plus puissant sur lui que son père même, avec lequel il n’a que de froids rapports, et dont rien ne lui garantit la bienveillance, ni même la justice.. ! […] … J’entends ses plaintes amères ; il parle au nom de la nature, il accuse la société d’être trop méfiante d’un côté, et trop confiante de l’autre ; il lui reproche sa rigueur contre une loi naturelle dont elle aurait dû plutôt imiter la sagesse.

5. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

RELIGIONb Sans être une passion, la religion prend une part très active dans les révolutions de la société humaine. […] De là aussi des sectateurs toujours nouveaux, réformateurs de la société religieuse, ennemis irréconciliables des abus, sujets de sarcasmes et de disputes implacables, voués à la haine éternelle de tous ceux qui prêchent le pardon des injures, la sainte patience, l’indulgence et la paix. […] VIII, De Civit., où son opinion est si clairement exprimée dans ce peu de mots : « Et hæc sunt scenicorum tolerabiliora ludorum, comœdiæ scilicet et tragœdiæ » ; oubliant aussi que saint Thomas d’Aquin, à l’exemple du grand saint, avait considéré l’art dramatique, qu’il appelle histrionatus ars, comme nécessaire et indispensable à la société : « Necessarius ad conversationem vitæ humanæ »(art. 3, in resp. ad 3, quæst. 168) , et enfin ignorant peut-être, ce que nous ne voudrions pas admettre, que saint Antonin lui-même, appuyé de l’autorité de saint Thomas, dit dans suæ Summæ, tit. 8, cap. […] Dès qu’on s’écarte des bornes de la sainte morale pour suivre des exercices qui n’en sont ordinairement que les signes, on hâte les graves progrès du fanatisme, qui dévore le cœur d’une ardeur sacrilège, et nous mène au crime ; on néglige insensiblement la raison pour embrasser la cause, et on ne recherche plus l’exercice de la sainte vertu qui nous porte à faire le bien, pour s’appliquer à fuir les moyens qui peuvent nous conduire au vice ; devenant ainsi inutile à la société et à soi-même, et ressemblant parfaitement à ces hommes que Le Dante, dans ses chants, nous peint indignes du paradis, parce qu’ils n’ont rien fait pour le mériter, et que l’enfer même refuse d’admettre parmi les siens, parce qu’il n’aurait aucune gloire de les posséder. […] que serait la société si elle ressemblait à de tels hommes !

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