Ce sont, comme dit un Auteur1, « certaines qualités qui ne sont pas tant un crime, qu’un faux goût, qu’un sot entêtement, comme vous diriez l’humeur des prudes, des précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse ; car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité, et choses semblables, on ne peut croire que le Comique leur ait fait beaucoup de mal. […] Tout ce qu’on peut dire à M.F. et aux Comédiens, c’est que s’ils ne veulent pas que ce qui touche à leur Théâtre soit souillé, ils n’ont qu’à se conformer en tout aux représentations des Collèges ; on conviendra, quand ils n’en donneront que de semblables, qu’elles ne sont plus dignes de censure. […] Celles-ci font toujours plus d’effet, parce qu’elles sont prises sur notre air et sur nos manières ; que les personnes qu’elle nous représente sont faites comme celles avec qui nous vivons ; et que presque tout ce que nous y voyons, ou nous prépare à recevoir les impressions de quelque chose de semblable que nous trouverons bientôt, ou renouvelle celles que nous avons déjà reçues.
Il y a quelque chose de semblable, et porté même plus loin, dans la vie de M.
« Rien de tout ce qui paraît au théâtre (continuez-vous) ne nous convient, parce que nous y voyons toujours d’autres êtres que nos semblables, et que le tragique les met au-dessus de l’humanité. » Mais le raisonnement est aisé à faire du moindre au grand : « Et si un Roi, pour 5 trop s’abandonner à la vengeance, tombe dans un malheur si grand, qu’il excite la pitié, à plus forte raison celui, qui n’est qu’un homme du commun, doit tenir la bride à de telles passions, de peur qu’elles ne l’abîment dans un pareil malheur. » Et c’est parce que les hommes rabattront assez de la vertu, qu’il faut leur en montrer de plus grands modèles.
Ils obtinrent des Lettres patentes : le Parlement les rebutta comme personnes, que les bonnes Mœurs, les Saints canons, & les Peres de l’Eglise avoient toujours réputées infames, & leur défendit de jouer, ni de plus obtenir semblables lettres, sous peine de dix mille livres d’amende. » Il est donc constant, que les Comédiens voisins du dix-septieme siécle, n’enseignoient que Paillardises, & que leurs piéces, toutes d’intrigues, n’étoient que de pernicieuses leçons d’impudicité. […] Direz-vous encore, que des piéces si capables de corrompre les mœurs &c, qui portent plus directement au mal, que les nudités & les peintures immodestes… Qu’une école enfin d’impudicité, & plus dangéreuse que les livres-mêmes, où on fait profession d’enseigner les mauvaises mœurs, prétendrez-vous, dis-je, que de semblables spectacles ne soient point des occasions prochaines de péché ?