/ 611
90. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Certainement, des discours licencieux au point que le sont les leurs ne sauraient guère avoir d’autres effets que de réveiller la cupidité et d’affaiblir les armes de la vertu. […] Non, si les plus lascifs animaux savaient parler, ils n’auraient pas un plus énorme langage que celui de notre Théâtre. […] Je sais que Lambin prétend découvrir une mauvaise équivoque dans le Prologue du Pœnulus : mais j’estime pour moi que c’est forcer la construction de cet endroit. […] Ce n’est pas là ce que je prétends ; mais je soutiens qu’on ne doit pas instruire de tout : car les hommes doivent-ils tout savoir ? […] Je ne saurais me persuader qu’on ait jamais vu de semblables excès ou qu’on les ait tolérés.

91. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Ce n’est que la répétition d’une fadeur triviale que savent tous les enfans, & que l’on dit à tout moment à toutes les femmes, qu’elles ont un teint de lys & de roses, qu’elles fout pâlir la rose d’envie, & rougir le lys de honte. […] Je ne sai s’il y croyoit : il eût fallu y croire bien peu pour lui en donner. […]         Je sai ce qu’il en faut penser. […]         En savez-vous plus qu’un prélat ? […] si vous le saviez, vous baisseriez le ton.

92. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Le Poète ne saurait enfin être trop difficile sur le choix d’un sujet. […] Qu’il sache peindre d’après nature tel Artisan dans sa Boutique, cela lui tiendra lieu de l’intrigue la mieux recherchée, & composèe avec le plus d’Art. […] Avant d’assister à la représentation d’une Tragédie, il est aisé de savoir quels en seront les Personnages. […] Nous avons trois Mariamne ; & je ne sais combien de Cléopatre. […] J’ai dit plus haut que la simplicité fesait l’ornement des Drames de notre Spectacle, & que sans elle ils ne sauraient subsister.

93. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Qui ne sait jusques-à quel degré est montée la gloire de la Comédie chez les Grecs et les Romains ? […] De cette raison GUILLOT-GORJU passe à une autre, et dit que puisque les animaux recherchent le plaisir avec tant de contention et d’ardeur, on peut conclure que c’est un bien convenable à leur nature : C’est pourquoi les Philosophes dans la division du Bien en ont fait de trois sortes : à savoir, un bien honnête, un utile, et un délectable : ou pour mieux dire, ce n’est qu’un même bien, qui a trois faces comme un corps naturel, trois dimensions lesquelles ne se peuvent séparer l’une de l’autre. […] Et qui voudrait blâmer la dignité de la profession des Orateurs, d’autant qu’ils savent prudemment récréer les esprits des Juges ? […] Et GUILLOT-GORJU s’en rapporte à ses critiques, savoir s’ils croiraient à la foi de Gros-Guillaume lorsqu’il s’excuserait de leur faire une farce, et s’ils tiendraient leur argent bien employé s’ils n’étaient servis de ce plat à la fin pour la bonne bouche, qui est proprement après une ample collation, une boîte de dragées ou de confiture. […] Mais comme ces hypocondriaques ne savent à quoi se prendre ni de quel bois faire flèche, ils estiment que la Comédie est cause de plusieurs désordres.

/ 611