La raison est que cõme l’idolatrie est une ombre & une fausse image de religion, par laquelle on rend les honneurs divins à des idoles de bois & de pierre : de même la comedie est une espece de religion payenne, par laquelle on rend aussi les honneurs divins à des idoles de chair & de sang, c’est à dire, à des hommes vicieux, & à des femmes débauchées, qui ont estés erigés en dieux & en deesses, sous les noms de Jupiter & de Saturne, de Mars, & d’Apollon, de Junon & de Venus : & comme tous les ouvrages portent ordinairement le caractere de l’esprit & du genie de leur autheur, n’y a-t-il pas raison de dire que la comedie est un veritable reste du paganisme, puisqu’elle n’a eu que les mêmes maîtres, & les mêmes autheurs que l’idolatrie, sçavoir les demons. […] Silvestre, & sous l’Empereur Constantin, defend de recevoir à la sainte Communion, de theatricis & ipsos placuit quamdiu agunt, à communione separari , c’est à dire, qu’il les prive de la participation du Corps & du Sang de Jesus-Christ, s’ils ne renoncent au theatre : quels Chrétiens enfin sur lesquels S. […] , les images des vices, étans agreables au goût du siecle, elles banissent toutes les pensées de salut & de penitence, qui sont facheuses à la chair & au sang. […] Allez aprés cela Chrétiens temeraires qui faites les esprits forts, dire que les spectacles publiques ne font point de mauvaises impressions dans vos cœurs ; pour moy j’estime que la comedie est un spectacle plus dangereux que celuy des Gladiateurs, le sang qui se répandoit dans celuy-cy n’étoit propre qu’à donner de l’horreur ; mais le poison qu’on avale en celle-là, n’est propre qu’à donner la mort avec le plaisir : Car helas ! […] De ce que des oreilles sont attentives trois ou quatre heures à entendre des vers empoisonnez, & cependant elles se lassent d’entendre pendant une heure la parole de Dieu ; de ce que des bouches qui ont été teintes du Sang de Iesus-Christ par le Sacrement de l’Eucharistie, sont profanées à applaudir à des crimes commis avec adresse, & representez avec esprit, de ce qu’un tems qui est si precieux, & qui nous est donné pour être employé au salut & à la penitence, est miserablement perdu dans des divertissemens criminels.
a-t-elle pu être assez insensible aux malheurs publics, à ceux du Souverain, pour jouer des comédies au milieu des larmes, du sang, des incendies, et arracher par l’amorce du plaisir de la bouche du peuple le morceau de pain qu’il avait à peine pour vivre ? […] C’était pour divertir la capitale que les concussions faisaient couler le sang des provinces.
Tout mon sang enflammé dans mes veines bouillonne.
Le Grand-Prêtre, quoique témoin de son horreur pour Athalie, & de son zele pour le sang de ses Rois, s’il en étoit échappé quelque goutte, ne lui dit rien de son projet, & lui recommande de venir le retrouver dans quelques heures. […] « L’impie Achab détruit, & le champ qu’il avoit usurpé par le meurtre, trempé de son sang. Jesabel immolée près de ce champ fatal ; cette Peine foulée sous les pieds des chevaux, les chiens désaltérés dans son sang inhumain, & les membres de son corps hideux, déchirés. […] Elie parlant en souverain aux Elémens ; les Cieux fermés par lui, & devenus d’airain, & la terre trois ans sans rosée & sans pluie ; à la voix d’Elisée les morts se ranimans. » Aucun mot n’est changé, l’ordre seul est changé, & l’oreille est contente d’une Prose noble : que les mêmes mots soient remis dans l’ordre de la Versification, une harmonie bien plus agréable contente l’oreille, L’impie Achab détruit, & de son sang trempé Le champ que par le meurtre il avoit usurpé : Près de ce champ fatal, &c.