Le cothurne vouloit passer avant le brodequin ; mais la robe prétendoit le pas sur l’épée, sur-tout celle de Marmontel, arborée depuis deux jours, qui n’avoit versé le sang de personne : Cedant arma togæ.
Ce témoignage dit tout : un Prince du sang, qui connaissait si bien le monde et ses dangers, l’Etat et ses intérêts, la politique et ses maximes, la religion et ses lois, dont on ne peut ni suspecter les vues, ni soupçonner la vertu, ni méconnaître les lumières, ni révoquer en doute la prudence, à quel titre serait-il récusable ?
Tout cela, selon lui, sert comme de souffre pour allumer le feu, en une jeunesse, dont l’âge etle sang bouillant l’en rendent trop susceptibles. […] Quelque merveille qu’ils nous disent d’eux-mêmes, ils ne sont pas des Anges, mais des hommes, composés de chair et de sang, et sujets aux infirmités communes. […] Paul, de la 1e épître aux Corinthiens : « caro et sanguis regnum Dei possidere non possunt » (la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, 1 Cor. 15.50) ou de l’épître aux Galates : « qui talia agunt, regnum Dei non consequentur », (ceux qui commettent de telles choses n’obtienront pas le royaume de Dieu), Gal. 5.21).
Tout cela veut dire qu’on n’en fait rien, & rabat un peu la fierté des queues qui voudroient faire remonter leur généalogie à une si haute antiquité, & à travers cinquante quartiers descendre en droite ligne du sang royal de David.