[Cicéron, Oratio pro Murena], « que la sagesse tombe de haut en bas au son de la trompette, que la raison n’est plus consultée, que c’est la force qui décide, et que la mine menaçante d’un soldat est alors plus aimable que la langue du plus excellent Orateur », fait-il autre chose que du bruit ? […] Car la guérison d’un aveugle ou d’un sourd ; la résurrection même d’un mort montre-t-elle plus de sagesse et de divinité que cette distribution de couleurs qui paraît dans un instant quand nous ouvrons les yeux sur l’idée que nous avons de l’espace, que cette succession et cette variété de sentiments, que nous éprouvons si propres à la conservation de la vie, et de la société civile, que cette Mécanique qui fait faire à de petits insectes des ouvrages réguliers, et travailler à tout ce qui est nécessaire pour leur conservation ?
Cette sagesse déplut à Moliere, qui, prenant prétexte du langage précieux qu’on disoit y régner, tâcha de le tourner en ridicule dans la farce des Précieuses ridicules, la meilleure qu’il ait faite. […] Avec plus de bienséance, j’ai si bonne opinion de votre sagesse que je crois que vous eussiez été bien aisément consolée, si votre mal y eût laissé des marques. […] La sagesse en regarde la cruelle indécence comme l’une des plus grandes calamités. […] Malgré la sagesse de ces lettres, il y a des expressions fort singulieres. […] Ce bonheur est bien rare ; la Sagesse & la Religion n’y compterent jamais, & la vie du monde, ni ne le mérite, ni ne le prépare.
Ou bien est-ce que la modestie et la sagesse qu’elles montrent ailleurs, ne seraient qu’hypocrisie et que grimace ? […] Sophocle non plus qu’Eschyle n’insiste point sur l’amour : s’il en parle, c’est avec tout le laconisme et toute la sagesse imaginables. […] Alors, le Chœur enchanté du courage et de la résolution de Phèdre s’écrie : « O que la sagesse sied bien partout où elle se rencontre ! […] La saleté et l’ineptie sympathisent-elles avec la sagesse et la gravité de la Magistrature ? […] Notre Poète m’envoie à vous avec confiance pour vous avertir qu’il ne vous refuse aucun plaisir, hors celui de la folie : les gens matériels et qui n’aperçoivent encore la sagesse que dans l’éloignement, mépriseront sans doute son travail ; mais les sages lui en sauront gré : ils le supporteront au moins en faveur de la bonne intention de sa Muse.
Le fanatisme goûtait sans doute cette douce jouissance que lui fait éprouver le trouble qu’il excite et sur lequel il fonde son importance ; mais heureusement le gouvernement, dans sa sagesse, prévint les funestes effets que l’intolérance indiscrète du curé de Saint-Laurent devait produire.