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90. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Les passions extravagantes des amants que des obstacles séparent, l’expression désordonnée de l’amoureux délire des héros, les joies et les tourments de l’amour, les descriptions enflammées et les actions immorales, les amoureux transports des acteurs, toutes choses qui entrent pour beaucoup dans la composition de nos tragédies les plus sages et les plus décentes, tout cela, je le demande, est-il compatible avec une religion qui fait une obligation de la pureté du cœur ? […] Il doit être évident, pour tout homme sage et dégagé de préjugés, que l’opinion de ces personnages éclairés et vertueux, touchant l’influence pernicieuse des frivoles amusements de la scène commande l’attention la plus sérieuse et les plus graves réflexions. […] L’élégance de la scène, la pompe de décorations, le charme de la musique, le jeu des acteurs, la gaieté et la splendeur du spectacle, s’emparent des sens et de l’imagination au point d’enivrer l’esprit, d’éloigner de lui toute réflexion sage, et de l’agiter tellement qu’il ne puisse plus retirer aucun avantage des instructions morales et religieuses. […] Heureux, alors, heureux ceux qui auront su être sages à temps, qui, renonçant à des plaisirs captieux et funestes pendant ce court passage qu’on appelle la vie, auront persévéré, avec l’aide de Dieu, dans l’accomplissement des divers devoirs qui leur ont été assignés, qui n’auront cessé de rendre à l’auteur de tout bien de dignes et pieuses actions de grâces pour les bénédictions non méritées que, dans sa bonté paternelle, il a daigné répandre sur eux !

91. (1694) Lettre à l’abbé Menard « Lettre LIII. De remercîment à M. l’Abbé Menard. Il y est parlé de quelques Ouvrages dont ont porte le jugement. » pp. 62-63

Il faut laisser à décider ces sortes d’affaires dans le confessionnal, et ne pas les abandonner au jugement d’une infinité de personnes, qui se prévalent de tout, et qui ne sont pas assez sages pour s’arrêter à ce qu’il y a de juste et de permis dans une opinion indulgente, et pour observer toute la modération que l’Auteur demande.

92. (1697) Satire à Mgr Bossuet « SATIRE A MONSEIGNEUR JAQUES BENIGNE BOSSUET. EVEQUE DE MEAUX. » pp. 46-48

Docte et sage Prélat dont le Ciel a fait choix, Pour instruire et former la jeunesse des Rois, Et qui par des discours vifs et pleins d’éloquence Sais confondre l’erreur, et bannir l’ignorance.

93. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Son père Gustave étoit trop sérieux & trop sage pour s’amuser de ces folies, & occupé dans la guerre qu’il fit en Allemagne n’avoit pas de temps à y perdre ; ses prédecesseurs n’en connoissoient pas même le nom : sa fille Christine fit à Thalie une réparation authentique du mépris de sa nation & de sa maison, elle bâtit un théatre, fit venir à grand frais & soudoya des troupes de Comédiens, fit jouer toute sorte de piècces, y passoit des temps considérable ; des dépenses & des occupations si frivoles qui nuisoient à toutes les affaires de l’État, furent une des raisons qui dégoûtèrent de son gouvernement, & enfin l’obligèrent d’abdiquer. […] Voltaire a bien fait de supprimer cette anecdote, elle fait peu d’honneur à la philosophie, Christine fut plus équitable en nommant Salvius son Chancelier, homme obscur mais habile : quand il est question , dit-elle, de bons avis & de sages conseils, on ne demande point : les seize quartiers, mais la probité, & les lumières . […] Baillet & d’autres attribuent ces prémices de Catholicité à René Descartes qu’elle avoit appelé en Suêde, qu’elle estimoit infiniment, qu’elle consultoit souvent, & qui lui donnoit de très sages conseils, ainsi qu’à M. […] Ce contraste seul en est une, mais à la honte de la Religion aussi déplorable que risible ; un Religieux la complimentant crut beaucoup la louer en lui disant qu’elle seroit mise entre les Saints à côté de Sainte Brigitte, Reine de Suède ; comme elle se moqua de cet éloge assez peu convenable en effet : J’aime mieux , lui dit-elle, être parmi les sages que parmi les Saints. […] La vraie sagesse est la sainteté, il n’y a que les Saints vraiment sages ; les sages du temps ne sont que des insensés, peut-être faisoit-elle allusion aux révélations de Sainte Brigitte, qu’elle taxoit de folie ; car elle tenoit sur la Religion, les Ministres, les Saints, les pratiques, les cérémonies, les discours les plus libres, elle n’eut point à changer de style, elle ne pensoit pas plus mal étant Luthérienne.

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