« Ne soiez point sage à vos propres yeux… » & Ad Rom. 12. […] Si j’entreprens de vous en dissuader la frequentation, vous ne me sçauriez voir de bon œil, & ma morale ne flattera pas vos oreilles, puisqu’elle devra tendre à ne vous pas permettre, ce qui est si agréable à l’ouïe : & peut être l’esprit & le cœur s’y revolteront, puisque je serai obligé de les piquer en ce qu’ils aiment, & le Sage m’apprend, Ecclesiastici 22.
Je ne m’en étonne pas : car nos douleurs et nos tristesses sont très véritables, puisqu’elles sont de justes peines de notre péché : mais nous n’avons point sur la terre depuis le péché, de vrai sujet de nous réjouir : ce qui a fait dire au Sage : « J'ai estimé le ris une erreur, et j’ai dit à la joie : pourquoi me trompes-tu ? […] Pour ceux qui voudraient de bonne foi qu’on réformât à fond la comédie, pour à l’exemple des sages païens y ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois et pour les peuples : je ne puis blâmer leur intention ; mais qu’ils songent qu’après tout, le charme des sens est un mauvais introducteur des sentiments vertueux.
Si on dit que ceux de sa sorte ne représentaient que des Tragédies ou des Tragi-comédies qui étaient des Pièces sérieuses, cela suffit-il pour faire croire que ceux qui les représentaient devaient passer pour hommes sérieux et sages ? […] Il souhaitait aussi qu’on dressât une Académie de jeunes gens bien choisis pour les Représentations, afin que les Comédiens ne fussent plus des hommes que la débauche ou la pauvreté aurait jetés à cette profession, et dont la vie eût quelque chose de répréhensible ; mais qu’étant sages et bien instruits il n’y eût rien en eux que de louable, et que cela parût extrêmement en leur action modeste, et leur prononciation bienséante.
Doivent-ils se piquer d’en faire d’avantage que les Auteurs des divers Théâtres, qui s’écartent, le plus qu’il leur est possible, des avis que le Philosophe Grec, qu’Horace, & d’autres Sages tels que lui, s’éfforcent de leur donner ?