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8. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Les noms sacrés & vénérables dont on abuse pour justifier la composition des Ouvrages Dramatiques & le danger des Spectacles, les Textes prétendus favorables, les Anecdotes fabriquées, les Sophismes des autres & les miens, tout cela n’étoit que du bruit, & un bruit bien foible contre ce sentiment impérieux qui réclamoit dans mon cœur. […] Guidé par la Foi, ce flambeau éternel devant qui toutes les lueurs du temps disparoissent, devant qui s’évanouissent toutes les rêveries sublimes & profondes de nos foibles Esprits-forts, ainsi que toute l’importance & la gloriole du bel-esprit, je vois, sans nuage & sans enthousiasme, que les Loix sacrées de l’Evangile & les maximes de la Morale profane, le Sanctuaire & le Théâtre sont des objets absolument inalliables. […] Ce motif, sans réponse, m’a décidé invariablement : j’ai eu l’honneur de communiquer ma résolution à Monseigneur l’Evêque d’Amiens, & d’en consigner l’engagement irrévocable dans ses mains sacrées : c’est à l’autorité de ses leçons & à l’éloquence de ses vertus que je dois la fin de mon égarement, je lui devois l’hommage de mon retour ; & c’est pour consacrer la solidité de cette espèce d’abjuration, que je l’ai faite sous les yeux de ce grand Prélat si respecté & si chéri : son témoignage saint s’éleveroit contre moi, si j’avois la foiblesse & l’infidélité de rentrer dans la carrière.

9. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Il est vrai que le Clergé, soit Séculier ou Régulier, n’est pas un léger obstacle aux prétentions des Poètes : par le ministère sacré la Religion se conserve, les vérités éternelles se perpétuent et la vertu se soutient. […] Ni le lieu des spectacles profanes, ni les Acteurs, ni toutes les autres circonstances ne compatissent avec des choses sacrées. […] Quoiqu’il en soit, que l’on arrange les choses comme on voudra, que l’on manie le caractère sacré avec toutes les précautions imaginables et toutes les bienséances possibles ; après tout, aucun Prêtre chrétien ne doit être mis sur le Théâtre. […] Il y a eu en Angleterre des personnes du premier rang dans les Ordres sacrés. […] De plus, pourquoi s’en prendre à tout le Corps et au caractère sacré ?

10. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

où vous ne donniés à vos sens que le triste ; mais solide plaisir de la mortification, où vôtre esprit ne s’occupoit que des choses du Ciel, où vôtre bouche ne prononçoit que des protestations d’une nouvelle fidelité, où vôtre voix ne servoit qu’à entonner des Cantiques sacrés, où l’on ne mangeoit que pour vivre, où l’on ne faisoit ensemble quelques repas sobres & mediocres, que pour serrer plus étroitement les nœuds sacrés d’une commune charité, où l’on ne parloit que de souffrances, que d’austerités, que de pénitence, où l’on s’entrexhortoit au martire, où l’on se préparoit à la mort par la pieuse lecture des consolantes verités de l’Ecriture, ou par la meditation des souffrances de Jesus-Christ. […] qui les observe comme il faut ces verités sacrées ? […] loin de s’en faire des crimes, on s’en fait honneur : on est presque embarrassé dequoi l’on s’accusera au Tribunal sacré de la Pénitence, quoi qu’on soit chargé de mille crimes de la sorte ; & après une vie toute mondaine, toute voluptueuse, toute sensuelle, passée dans les jeux, dans les spectacles, on ne trouve presque rien à dire au Prêtre !

11. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Il a fallu des ordonnances très-sévères pour arrêter ces impiétés, & bannir de la scène tout vestige des habits sacrés. […] Mon serment, mon vœu le plus sacré est de t’aimer. […] Il ne connoît rien de sacré que le mariage. […] Tu connois les transports de ces ames sacrées, & d’encens & de fiel à la fois enivrées. […] Fagan ajoute : Tous les sujets des pieces qui conduisent à employer des termes sacrés ou mystiques, doivent être bannis du théatre.

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