Elle fut inconnue à Rome dans les tems vertueux de la République, & même dans le régne des premiers Césars ; elle étoit si opposée aux mœurs romaines, & elle eût mal figuré avec la couronne de lauriers qu’ils se faisoient gloire de porter ; des cheveux poudres d’or n’ont pas l’air militaire, ni l’air Magistrat, de pareilles têtes au Sénat, à la tribune, à l’armée auroient fait pitié. […] Les veuves Romaines s’enservoient pour se mettre dans le plus grand deuil, & mieux contrefaire les affligées, les Coëffeuses mortuaires s’accréditoient, & leur talent pour la parure les firent employer pour toute sorte de décoration, & les rendirent très-célebres ; d’autant mieux que dans le bon goût de la coquetterie, une parure en noir, a beaucoup de grace, il convient mieux qu’aucune autre au teint & à la phisionomie de certaines personnes. […] C’est l’exemple que donneront au monde, non-seulement les Catons, les Scipions, tous les Sages de la République romaine, mais Auguste, Nerva, Trajan, les Antonins, qui vivoient dans la plus grande simplicité. […] Malgré sa haute sagesse jusqu’à devenir idolâtre, & à bâtir des Temples à leurs Dieux ; il fut imité dans cette extravagante toilette par les Empereurs Romains, très-propres à figurer avec les Pages & les Concubines d’un Prince perdu de débauche. […] Saint Jerôme écrivant à Furia, Dame Romaine, peignoit ainsi cette célebre pénitente, Magdeleine n’avoit point les cheveux frisés, les joues fardées.
Les Romains avoient la même estime du théatre, ils reconnoissoient sa puissante influence sur les mœurs. […] Peut-on démentir l’histoire, & se jouer des lecteurs, jusqu’à dire que les Romains estimoient le théatre ? […] Les Romains connoissoient son influence sur les mœurs. […] O nobles Romains, vous rejetâtes avec indignation cet infortuné, lorsqu’il vint prendre son rang parmi vous, que diriez-vous de notre siecle ? […] Les Chevaliers Romains ne sont pas nobles ; ni Laberius ni les nobles Romains n’auroient rien à dire.
Je ne crois pas même que les Empereurs Romains en aient prétendu faire un dirimant, par leurs défenses. […] 12.), jusque là que par un arrêt du Sénat il fut défendu, non seulement aux Sénateurs, mais encore aux Chevaliers Romains de paraître sur le théâtre, même par jeu ; ce qu’Auguste observa soigneusement, quoique auparavant il les y employât, comme le rapporte Suétone (Aug. […] Un Soldat qui se fait Comédien, est indigne de servir la patrie : la loi le juge même indigne de vivre ; les Romains connaissaient et savaient conserver la gloire des armes : « Militem qui artem ludicram fecisset, capite plectendum. » (L. quadam 14. […] On ne voit pas dans l’histoire que les Officiers Grecs, Romains, ou d’aucune nation guerrière, aient jamais fait représenter des pièces dans leur camp, encore moins y aient joué des rôles. […] Les Comédiens n’ont pas droit de bourgeoisie et ne sont pas mis au rang des citoyens Romains, quoique nés à Rome.
Il peut se faire aussi que ce ne soit qu’une imitation de la réalité, comme dans ces batailles navales où les Romains flateurs représentoient la victoire d’Actium. […] » Personne n’ignore la dépense excessive des Grecs & des Romains en fait de Spectacles, & sur-tout de ceux qui tendoient à exciter l’attrait de l’émotion. […] On sait les dépenses immenses des Romains pour élever des Théâtres, des Amphithéâtres & des Cirques, même dans les Villes des Provinces. […] » Quant aux beaux Arts qui préparent les lieux de la Scène des Spectacles, c’était une chose magnifique chez les Romains. […] Elles sont bien d’une autre conséquence pour nous, que les Vestales ne l’étaient pour les Romains.