/ 441
98. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

Quoiqu’il semble que la plus-part des Spectateurs d’une Tragédie doivent considérer son action avec indifférence, puisque les Personnages sont des Princes ou des Rois, qui, par conséquent, leur sont étrangers ; il arrive pourtant tout le contraire. […] L’ambition, l’orgueil, l’amour, la haîne, la fureur, qui agitent les Rois, déchirent pareillement l’ame du dernier Citoyen ; mais les transports où le livrent ces diverses passions ne sont point si terribles & n’éxcitent point tant la curiosité publique. […] On est charmé de pénètrer les secrets des Rois, d’être, pour ainsi dire, leurs confidens & leurs juges.

99. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine. […] Philippe de Commines écrit que les Rois de France y ont pris très grand plaisir.

100. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

.° Cet Orgon lui-même est un personnage indécent, que son imbécillité & ses vices rendent méprisable, quoiqu’on le fasse souvent parler avec esprit & de bon sens, & qu’on le dise zélé pour appuyer les droits du Roi (service qu’il est difficille de comprendre). […] Il est vicieux jusqu’à favoriser un rebelle, un criminel d’État, lui garder des papiers de la derniere conséquence, contre le service du Roi, vouloir faire un parjure pour le nier, au lieu de l’aller déclarer, comme on en a fait sonner si haut l’obligation contre les Casuistes, jusqu’à vouloir faire révéler les confessions. […] Valère dit que Tartuffe a remis au Roi la cassette importante où sont les papiers d’un criminel d’État, & la scène suivante l’Exempt dit :    De tous ces papiers Le Roi veut qu’en vos mains on dépouille le traître. […] Cette idée, tout-à-fait louche, est sans vrai-semblance : le Roi fait-il rendre aux criminels d’État les papiers importans qu’on leur a surpris ? […] Quand il auroit le Roi & tout ce monde dans l’anti-chambre, il ne pourroit manœuvrer plus diligemment.

101. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

On donna, dans la suite, à ces Philosophes le nom de Bardes à cause de Bardus leur Roi & leur instituteur. […] On s’apperçoit que cet Art ne devait pas être grand chose sous la prémière race de nos Rois, puisque dans le traité de paix que fit Clovis avec Théodoric, Roi des Ostrogots d’Italie, l’an 500 de Jesus-Christ, on mit un Article èxprès par lequel ce dernier s’obligeait d’envoyer en France un éxcellent joueur de guitare. […] Quelques-uns de nos Rois & des grands Seigneurs de France se sont aussi piqués d’être Musiciens. […] Il est de la grandeur des Rois de l’appeller à leur Cour, de l’y fixer à force de bienfaits. […] Bardus était le cinquième Roi ou Chef des Gaulois.

/ 441