J’y reprends les défauts en général sans toucher à personne en particulier ; et tel qui n’a jamais été sensible à toutes les remontrances qu’on lui a faites, ravi de rire des sottises d’autrui, appréhende d’en faire, de peur de donner sujet de rire à son tour.
» « Il était tard, les femmes étaient couchées, toutes se relevèrent : bientôt les fenêtres furent pleines de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maîtresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin, les enfants même éveillés par le bruit accoururent demi-vêtus entre les pères et mères : la danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses : il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que dans l’allégresse universelle on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. […] Après avoir restéh quelque temps encore à rire et à causer sur la Place, il fallut se séparer ; chacun se retira paisiblement avec sa famille, et voilà comment ces aimables et prudentes femmes ramenèrent leur maris, non pas en troublant leurs plaisirs, mais en allant les partager. [...]
Aux reproches que nous fesons aux Comédiens sur l’indécence de leur vêtement, ils peuvent opposer l’usage établi, aux yeux d’un Public qui condanne sans entendre, & rit avant de raisonner.
Après avoir larmoyé si long-tems, ne s’avisera-t-elle pas de rire encore, comme du vivant de Molière, de nos folies & de nos erreurs ?