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167. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

L’Art de représenter les objets est fort différent de celui de les faire connoître. […] Je vois dans ce tableau des chevaux attelés au char d’Hector ; ces chevaux ont des harnois, des mords, des rênes ; l’Orfevre, le Forgeron, le Sellier ont fait ces diverses choses, le Peintre les a représentées ; mais, ni l’Ouvrier qui les fait, ni le Peintre qui les dessine ne sçavent ce qu’elles doivent être : c’est à l’Ecuyer ou au Conducteur qui s’en sert à déterminer leur forme sur leur usage ; c’est à lui seul de juger si elles sont bien ou mal, & d’en corriger les défauts. […] La scène représente les hommes agissant volontairement ou par force, estimant leurs actions bonnes ou mauvaises, selon le bien ou le mal qu’ils pensent leur en revenir, & diversement affectés, à cause d’elles, de douleur ou de volupté. […] La scène représente donc tous les hommes, & même ceux qu’on nous donne pour modèles, comme affectés autrement qu’ils ne doivent l’être pour se maintenir dans l’état de modération qui leur convient. […] Qui ne sent pas naître en soi-même le sentiment qu’on nous représente ?

168. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Or quelle honnête femme oseroit se montrer dans le désordre où on la représente. […] Je sçai que le mélange de la Réligion avec l’indécence, est une profanation qui forme un second crime ; que cette profanation est contraire aux régles de l’art & au Costume, c’est-à-dire, à l’usage & aux mœurs de la personne représentée ; mais outre cette multiplication de crime, la seule immodestie forme le même danger, & le même péché. […] Quel Chrétien adorera jamais la toile ; le bois, le marbre qui les représentent ? […] Elle ne les garde que par rapport à l’objet qu’elles représentent, & aux bons effets qu’elles produisent. […] Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent.

169. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

.), qui à la vérité défend aux Ecclésiastiques et aux Religieux de représenter publiquement la comédie, mais qui leur permet d’y assister, pourvu qu’il n’y ait point danger de péché pour eux, ni scandale pour le public : Ce qui doit être, ajoute-t-il, puisqu’on y en voit beaucoup en Italie. […]  78.), défend aux Clercs d’être présents à certaines comédies, vraisemblablement assez peu dangereuses, qui se représentaient alors dans les maisons particulières, aux festins des noces et autres grands repas ; mais leur ordonne de se lever et de se retirer quand les Comédiens entreront, « Surgere de convivio et abire. » 2.° Il est défendu aux enfants des Prêtres de représenter la comédie ou d’y assister, soit aux enfants nés avant la promotion de leur père au Sacerdoce, les seuls que puisse reconnaître l’Eglise Latine (Concil. […] Il devrait être défendu aussi de représenter des pièces de leur composition. […] Cet Auteur permet encore aux Religieux de se masquer dans leur couvent, et d’y représenter des pièces de théâtre pour se divertir.

170. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Saint Cyprien n’a pas condamné la danse de David ; donc il n’a condamné que les Spectacles qui représentaient des fables en la manière lascive des Grecs, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. […] Que notre Docteur cesse donc de dire, « Que saint Cyprien n’a condamné que les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles » ; puisqu’il s’explique si nettement au contraire. […] Il n’y a pas longtemps non plus que la mode des Comédies s’est introduite parmi nous dans les Collèges : mais on a soin cependant qu’il ne s’y représente rien que de modeste et que d’honnête. […] Mais il n’y a pas moins d’impudence à assurer, comme il fait, que les Evêques, les Cardinaux, et les Nonces du Pape ne font point de difficulté d’assister aux Comédies qui se représentent à la Cour. […] Et il est à remarquer que ce dernier Concile qui fut approuvé par le saint Siège, défend de représenter des Comédies les Fêtes et Dimanches, « sous peine d’excommunication ; Sub anathematis poena.

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