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110. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

De quoi est-il rempli au retour ? […] Il fut nourri du corps & du sang d’un Dieu qui sanctifia son corps & son ame : vous n’y verrez qu’un corps de péché, un cœur paîtri de corruption, un esprit rempli d’images impures. […] La négligence de tous ses devoirs, pour se préparer, pour assister à ces fêtes, l’impuissance où l’on se met de les remplir au retour, le dérangement des heures, des affaires, la nécessité d’un long repos pour se rétablir, le dégoût du travail, &c. la paresse ne produit-elle pas tous ces mauvais fruits ? […] L’homme a tant d’affaires importantes, de devoirs à remplir, de péchés à expier, de bonnes œuvres à faire, de pièges à éviter, d’ennemis à combattre, peut-il passer les jours à cabrioler ?

111. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Le Saint Esprit n’y descendit jamais, il y a bien loin du théâtre au cénacle, où il remplit les Apôtres. […] Serait-ce donc, à plus forte raison, dans l’indécence des nudités, dans l’expression des passions, les fourberies des valets et des soubrettes, qu’on ramasserait de quoi remplir les greniers du Père de famille ? […] Il est moralement impossible qu’un Comédien, une Comédienne, remplissent un rôle pieux. […] Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant ; Mais la nature est vraie, et d’abord on la sent. » Dans les pièces de Communauté, où les Acteurs sont communément des gens de bien, on sent qu’il leur en coûte de remplir les rôles de scélérat ; la vertu, timide et déconcertée, ne s’y prête qu’à regret.

112. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

« Je sens qu'Adélaïde est tout ce que j'adore : Grand Dieu, de cet objet laisse-moi me remplir. » Un adultère ! […] L'Auteur, qui dit dans sa préface qu'il aurait pu pousser la pièce jusqu'à cinq actes, fort embarrassé d'en remplir trois, appelle à son secours l'autre monde, et nous transporte dans le pays des songes, pour pouvoir faire « les déserts, les ténèbres, les torches sanglantes, les ombres qui se traînent, le lamentable écho, les noirs tombeaux, les monceaux de cercueils, les débris épars, le cimetière du monde, etc. » Tout cela certainement est du sombre, et du plus sombre, et ferait honneur à un écolier qui en aurait rempli une amplificationg : De morts et de mourants cent montagnes plaintives. […] Mais ce n'est rien de nouveau dans la littérature et sur le théâtre ; l'Abbé Prévôt, qui trempait sa plume dans l'encre la plus noire, en avait rempli son Cleveland, son Homme de qualité.

113. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ajoutons y ce qui est à la vérité au-dessous de cet objet divin ; mais qui frappe davantage les hommes ; ajoutons les circonstances étonnantes de cet événement unique, qui forment autant de traits de ce sublime tableau ; les trois puissances, la Synagogue, Hérode, Pilate, réunies contre cet adorable mourant ; le nombre, la varieté des plus cruels tourmens ; l’homme le plus grand, le plus saint, le plus éclairé qui fut jamais, qui a fait les plus grands miracles, enseigné les plus grandes vérités, établi la plus sainte religion, rempli d’admiration toute la Judée. […] Ses conseils, ses leçons, ses exemples, les remplissent du même esprit ; elle les mene dans les compagnies, au bal, au spectacle, & les entraîne dans le même désordre. […] Remplir les rides, polir la peau, faire le petit creux du menton, c’est un ouvrage de sculpture. […] Ce luxe rend les femmes inutiles à leur famille, & incapables d’affaires, leur esprit occupé, leur cœur rempli de ces bagatelles, tout leur temps employé ou à les préparer, ou à les étaler ; il n’y a plus ni loisir, ni liberté, ni goût, ni lumiere pour rien de serieux. […] Les ornemens & la richesse leur font mieux sentir leur misere ; cet humiliant contraste les remplit d’indignation.

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