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46. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Peut-on habiller une Sultane comme un Religieuse ? […] Dans le premier il affecte de ressusciter une oncienne Epitre, soi-disant Héroïde, d’Heloise à Abailard, pour rappeler tout au long le portrait le plus licencieux & le plus scandaleux, d’une mauvaise Religieuse qui se livre en secret à sa passion, comme font tous les libertins, dans le goût de Melanie & d’Euphemie, libertines scandaleuses qu’on n’a habillées en Religieuses, que pour avoir occasion de décrier ce saint état. […] Parmi cent morceaux qu’il auroit pu citer, il choisit je ne sais pourquoi, une prétendue lettre très-libre d’une jeune fille qui a trouvé très-licentieusement le moyen de multiplier les mariages , & se dechaine scandaleusement contre la vie Religieuse. […] Ce sont des Religieuses qui gardent la clôture, ont une Supérieure, des reglemens, &c. […] Je ne sais pourquoi cette piece est mise sur le compte d’un Religieux du pays, dont on fait un portrait hideux, car dans aucun pays du monde, ni Bonzes, ni Brames, ni Faquirs, ni Derviches, ni Calendas, ni Religieux Chrétiens n’ont formé de troupe de Comédiens qui allassent jouer de ville en ville.

47. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Rolin parle ensuite de la danse, qui n’est point en usage dans l’Université de Paris, comme en d’autres collèges, et même des Communautés Religieuses où des maîtres viennent tous les jours en donner des leçons, et du déguisement des jeunes gens en femmes. […] Donnerait-on des rôles semblables à de jeunes Religieux ? […]  11) dit : « Ces personnes Ecclésiastiques et Religieuses, pour n’avoir pas fait assez de réflexion sur les saintes ordonnances de l’Eglise, font représenter des pièces par de jeunes étudiants, et y entremêlent des danses et des ballets. […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté. […] Il flatte peu la vanité ridicule d’un Régent ou d’un Religieux qui court après les applaudissements du public par des traits si peu dignes de lui, arbitrio popularis auræ, en les bornant à quelques Savants, nation peu nombreuse et fort sérieuse.

48. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Comment ce saint et éloquent Religieux a-t-il pu étayer ces spéculations de l'autorité de S. […]  » Si des pièces jouées dans un couvent par des enfants élevés dans la vertu, sous les yeux des supérieurs, sont cependant si dangereuses aux yeux d'une femme de Cour, croira-t-on sans danger celles que donnent des Actrices qui ne sont ni des enfants ni des religieuses ? […] Je doute que nos Communautés religieuses voulussent employer de pareils maîtres. […] Pour s'étayer, dans une entreprise aussi critique, du suffrage des Ecclésiastiques et des Religieux, Madame de Maintenon fit une représentation exprès pour eux, et l'annonça par ces paroles : « Aujourd'hui on ne jouera que pour les Saints. […] Les Religieuses même de S.

49. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Il faut bien, en effet, qu’il ne soit pas coupable, puisqu’on lui permet de jouer sa pièce à la face du Louvre, dans la maison d’un prince chrétien et à la vue de tous nos sages magistrats, si zélés pour les intérêts de Dieu, et sous le règne du plus religieux monarque du monde. Certes, les amis de Molière devraient après cela trembler pour lui, s’il n’était pas innocent ; ces magistrats si zélés pour les intérêts de Dieu et ce religieux monarque le perdraient sans ressource, ou l’anéantiraient bientôt, s’il est permis de parler ainsi. […] C'est dans cette pensée qu’il l’accuse d’habiller la comédie en religieuse.

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