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2. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

  La Précieuse à tes bons mots   A reconnu son faux mérite. […] Il prétend au contraire que l’on n’a bien reconnu son mérite qu’après qu’il eut joué le dernier rôle de sa vie, & que l’on a beaucoup mieux jugé du prix de ses Piéces en son absence, que lors qu’il étoit présent. […] L’autre, fougueux Marquis, lui déclarant la guerre, Vouloit vanger la Cour immolée au Parterre, Mais si-tôt que d’un trait de ses fatales mains La Parque l’eût rayé du nombre des Humains, On reconnut le prix de sa Muse éclipsée. […] Pradon qui s’est imaginé que par cette légére censure on avoit voulu profiter de la mort du lion pour lui tirer les poils, prétend1 que Moliere n’est pas si défiguré dans le Scapin qu’on ne l’y puisse reconnoître. […] B. qu’on n’eût trop aisément reconnu Adrien Baillet.

3. (1823) Instruction sur les spectacles « Introduction. » pp. -

Autrefois ceux qui faisaient profession de piété témoignaient, par leurs discours et leur conduite, l’horreur qu’ils avaient pour les spectacles ; et ceux qui se les permettaient reconnaissaient du moins qu’ils ne suivaient pas en cela les règles de la religion. […] Il sera alors facile de reconnaître que l’innocence ne court nulle part de plus grands dangers que dans les spectacles ; que c’est là que le père du mensonge règne en souverain, qu’il débite ses maximes, qu’il distille son poison, qu’il allume ses flammes, et qu’il égorge les victimes dont il doit se rassasier au jour des vengeances.

4. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

On trouvait qu’ils représentaient au naturel bien des gens : mais personne ne s’y reconnaissait, et ce qu’on apprenait avec eux, c’était à se moquer les uns des autres. […] Faites bien faire toutes ces remarques à votre fils, afin qu’il reconnaisse de plus en plus, que tout ce qu’il y a de plus grand et de plus moral n’est que chimère sans l’esprit d’humiliation et d’anéantissement de soi-même. […] Mais les railleurs ne reconnaissaient point de loi, ils se croyaient supérieurs à tout ; et par cela seul ils étaient plus abominables devant Dieu, que tout le reste du Paganisme. […] Car il est certain que tout le secret de la Rhétorique consiste à réveiller de manière les traces principales du cerveau de l’auditeur, que plusieurs autre qu’on appelle accessoires se réveillent en même temps ; et qu’ainsi l’âme agréablement ébranlée par les idées qui en résultent, reconnaisse par un jugement favorable le plaisir qu’elle reçoit par le moyen du corps. […] Je crois aussi que comme on lui aura fait suivre les véritables idées des choses, et reconnaître les bornes de l’esprit humain, il ne donnera point dans les visions de ceux qui cherchent la quadrature du cercle, et la pierre philosophale, ou qui veulent deviner l’avenir par les conjonctions des Astres.

5. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

Ce principe nous conduit donc naturellement à reconnoître l’utilité de la Comédie, & à convenir que ce genre d’instruction est plus propre que tout autre à corriger les hommes. L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.

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