Tels sont les romans, les pièces de théatre, les ouvrages de galanterie, on y admire la finesse des pensées, la délicatesse de l’expression, la variété des images, regardez-y de près ; le cœur y est bien plus touché que l’esprit, le plaisir vient sur-tout du vice qu’on y a délicatement répandu, qui flatte une imagination gâtée ; on ne sauroit soutenir la vue d’un objet grossier, montré à découvert, mais nous sommes bien aise qu’on nous le fasse entrevoir à travers un voile délié, qui le laisse voir ànu à l’imagination, qui s’y applique avec un plaisir extrême, & lève aussi-tôt le voile, & il ne faut pas un grand effort pour le lever au théatre où il est des plus transparens. […] Elles n’oublient rien pour se conserver l’air de jeunesse, elles veulent tromper les hommes, & je ne sais si elles n’espèrent pas de tromper la mort, elles veulent toujours être l’objet de l’amour des hommes, afin d’avoir part à tous les plaisirs quand la vieillesse a répandu ses caractères sur leur tein, elles tirent le rideau dessus pour la rendre invisible ; vous les voyez ces femmes idolâtres du monde & de la volupté ensevelir leurs têtes sous un amas de poudre pour confondre la blancheur de leurs cheveux avec cette blancheur étrangère ; elles comblent avec du fard les enfoncemens de leur visage, elles ombragent les rides de leur front avec des boucles, des rubans, des dentelles ; ce qu’elles font de plus prudent, c’est d’embaumer leur corps avec des parfums pour arrêter l’odeur qui sort de leur cadavre : dans cet équipage elles se mêlent dans toutes les sociétés, dans toutes les parties, au bal, à la comédie, elles y tremblent de foiblesse, à peine distinguent-elles les couleurs, après avoir été les idoles du monde, elles le châtient des crimes qu’elles lui ont fait commettre ; ce sont des spectres qui le poursuivent, il les fuit, il en a horreur. […] Pierre Viret, Calviniste célèbre, l’un des premiers de cette secte qui la répandit en bien des endroits, avec un très-grand succès, & mourut peu après avoir été Ministre de plusieurs Églises. […] Mard, homme d’esprit, homme aimable, fort répandu dans le monde, dont les ouvrages de littérature prouvent le bon goût, & le traité de l’opéra, son amour pour le théatre, ses lettres galantes, une morale peu sévère par le ainsi de l’opéra, lett. 24 qu’il suppose écrire à une Dame par une autre Dame. […] Cependant rien n’est plus commun en France & sur-tout au théatre & envers les personnages qu’on y joue, & envers les Actrices elles-mêmes ; on adore les femmes, elles sont adorées, on se met à genoux devant une Actrice, c’est une Divinité, on lui offre des victimes, on brûle l’encens ; le jargon de la galanterie n’est que le langage de la Religion appliqué à la créature, on ne peut excuser ni la prophanation si ce langage est sincère, ni l’indécence s’il ne l’est pas ; mais d’où vient cet abus sacrilège si généralement répandu de la frivolité du François ?
Entre une infinité de traits répandus dans ses discours, il établit par-tout les principes de morale qui en font la condamnation. […] Ignace, mais il les traduisit en vers françois, pour les mieux répandre. […] Mais une circonstance à laquelle ne s’attend pas un homme qui a de la religion, de la vertu, & même du bon sens ; c’est que, dans ce vaisseau richement chargé, où l’on avoit embarqué des présens magnifiques pour quelque Nabab des Indes, & plusieurs compagnies de soldats, pour la garnison de Ponticheri, on avoit eu la précaution d’embarquer aussi une provision de femmes de bonne volonté, pour le service des passagers, des soldats & des matelots, & notamment une troupe de comédiens & de comédiennes, pour les divertir sur la route, & soutenir le théatre françois de la Compagnie des Indes, répandre sur les bords du Gange les grands noms de Moliere, Corneille, Racine, Crebillon, où ils étoient parfaitement inconnus, quoique leur gloire immortelle, disent nos oracles, ait rempli tout l’univers. […] Sans doute que les actrice françoises, plus piquantes, plus faciles, plus exercées, devoient répandre sur le vice un assaisonnement inconnu aux comédiennes, aux danseuses, aux courtisannes de la côte de Coromandel. […] Le prétendu profit qu’elle apporte dédommage-t-il de la corruption qu’elle répand ?
[Introduction] ON a pu remarquer dans le nombre infini d’anecdottes de toute espece, répandues dans cet ouvrage, que tout s’éleve contre le théatre, ceux même qui le louent & le fréquentent.
Notre Poèsie réunit un avantage que celle d’aucun Peuple ne saurait lui disputer : notre rime féminine, en variant les Sons, répand dans nos Vers une douceur infinie. […] Son principal mérite est d’avoir retenu quelquefois la construction latine ; mais je crois avoir prouvé en peu de mots que les inversions des membres d’une phrase répandaient de l’obscurité dans le discours ; & que la Nature éxige qu’on èxprime ses idées dans le même ordre, & avec autant de clarté qu’on les conçoit. […] On peut comparer notre chant gracieux, enjoué, aux morceaux lyriques les plus fameux qui sont répandus dans les Drames bouffons de nos Rivaux. […] Cependant comme les mœurs, le goût, ou les caprices de chaque Peuple, répandent de la variété jusques dans les moindres occupations des hommes, on démêle quelques nuances qui nous éloignent un peu de la manière dont les Italiens font accorder ensemble plusieurs instrumens.