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93. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Moi, vous quitter ? […] Le tendre d’Orval dit à Lise ; Quittons, Lise, quittons ces lieux, Usons des instants précieux Que la fortune enfin nous laisse.

94. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Le bonhomme, pressé par les raisonnements de son Beau-frère, auxquels il n’a rien à répondre, bien qu’il les croie mauvais, lui dit adieu brusquement, et le veut quitter sans autre réponse ; ce qui est le procédé naturel des opiniâtres : l’autre le retient pour lui parler de l’affaire du mariage, sur laquelle il ne lui répond qu’obliquement sans se déclarer, et enfin à la manière des bigots, qui ne disent jamais rien de positif, de peur de s’engager à quelque chose, et qui colorent toujours l’irrésolution qu’ils témoignent de prétextes de Religion. Cela dure jusqu’à ce que le Beau-frère lui demande « un oui ou un non » ; à quoi lui ne voulant pas répondre, le quitte enfin brutalement, comme il avait déjà voulu faire : ce qui fait juger à l’autre que leurs affaires vont mal, et l’oblige d’y aller pourvoir. […] Il témoigne s’en peu soucier ; elle encore moins : enfin ils se querellent et se brouillent si bien ensemble, qu’après mille retours ingénieux et passionnés, comme ils sont prêts à se quitter, la Suivante, qui les regardait faire pour en avoir le divertissement, entreprend de les raccommoder, et fait tant qu’elle en vient à bout. […] Enfin, après plusieurs injures, il veut l’obliger de se jeter « à genoux » devant Monsieur Panulphe, et « lui demander pardon » : mais Damis refusant de le faire, et aimant mieux quitter la place, il le chasse, et « le déshéritant, lui donne sa malédiction ». […] » Le Bigot qui se sent pressé et piqué trop sensiblement par cet avis, lui dit : « Monsieur, il est trois heures et demie, certain devoir chrétien m’appelle en d’autres lieux », et le quitte de cette sorte.

95. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Donc c’est une occasion prochaine de péché mortel ; or saint Charles veut qu’on refuse l’absolution à ceux qui ne veulent pas quitter l’occasion prochaine, et qu’on la diffère à ceux que ne peuvent pas la quitter.

96. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Un Officier ne manquera pas la Parade, un Marchand ne quittera ni le Port ni la Bourse, un Détailleur sa Boutique, un Avocat le Palais ou son Cabinet, un Procureur son Etude, un Financier son Bureau, pour venir au spectacle dans un temps où leur devoir et leurs intérêts exigent leur présence. […] De là ces Disputes qui vont quelquefois jusqu’à l’effusion du sang ; ces embarras insurmontables, qui ruinent les Entrepreneurs et qui servent encore de prétexte à sa mauvaise foi, puisqu’il en est souvent l’Auteur ; de là cette paresse des Comédiens qui les soustrait à l’étude et fait fuir le Public, ennuyé de voir toujours représenter la même chose ; de là la misère, qui réduit quelques Comédiens méprisables à employer pour vivre toutes les ressources que la bassesse de leurs sentiments leur suggère ; de là, enfin, les dégoûts, qui prennent à ceux qui pensent mieux et qui quittent un métier dont de tels associés anéantissent tous les agréments, ou les obligent de chercher, dans le pays étranger, à employer leurs talents plus honorablement et plus tranquillement que dans leur Patrie. […] S’ils ont quitté les farces indécentes pour des Poèmes dictés par la raison et la sagesse, on doit donc les traiter en honnêtes gens et leur rendre les privilèges qu’on accorde dans la société à tous les bons citoyens. […] Un Censeur sage, honnête homme et vraiment zélé, ne répand point le fiel et l’infamie sur ceux dont les mœurs le choquent, il leur montre le chemin de la Vertu et s’en tient là : mais quelle opinion n’est-il pas permis d’avoir d’un homme qui quitte le Paradis terrestre (car la magnifique description que vous faites de Genève en donne cette idée), quelle opinion, dis-je, n’est-il pas permis d’avoir d’un petit Auteur qui quitte un séjour si délicieux pour venir insulter une nation respectable, blâmer tous ses usages et ses goûts, lancer des traits critiques sur son Gouvernement, prêcher l’indépendance, et vanter le bonheur des Iroquois et des Caraïbes, c’est-à-dire l’orgueil, la férocité, la révolte, la cruauté à un Peuple accoutumé à chérir ses Rois, et qui se distingue par sa docilité, par son zèle et son respect pour les lois ?

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