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362. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

De là ces conseils perfides, donnés aux souverains, de condamner les peuples à l’ignorance, sous prétexte de les rendre plus soumis à l’autorité publique et plus faciles à gouverner. […] Les prêtres sentent donc toute la nécessité de s’emparer de l’enseignement public, pour en modérer le développement à leur gré et pour en proscrire les lumières philosophiques. […] C’est le seul moyen de rétablir la morale publique, car l’immoralité particulière ne fait des progrès parmi le peuple, qu’en raison de la corruption des gouvernements. […] Il est temps que les tribunaux se persuadent que ce n’est point un cri séditieux que de s’adresser aux gouvernements eux-mêmes avec une confiance filiale, pour leur faire connaître les abus qui rongent et détruisent sourdement, et quelquefois ouvertement et avec impudeur, l’autorité souveraine ; que ce n’est point un crime d’invoquer paisiblement les droits naturels des peuples, et l’observation des lois de la part des agents de l’autorité publique ; que ce n’est point dans l’intention de nuire à la religion, ni de provoquer la haine contre les ministres du culte, que de faire connaître l’immoralité et le fanatisme des mauvais prêtres.

363. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Le théâtre des Jésuites a partout précédé de plusieurs années le théâtre public, et l'a fait désirer. […] Le spectacle public ne suffira pas, il se formera des troupes d'Acteurs, on dressera des théâtres dans des maisons particulières. […] On ne tend pas au Collège des pièges à l'innocence, on n'y agit pas par un esprit mercenaire pour gagner de l'argent, comme à la comédie : émulation, obéissance dans les élèves ; vues louables, quoique fausses, du bien public et de l'éducation dans les Régents. […] Les Jésuites, qui enseignent partout et avec tout le monde, que les petites choses conduisent aux grandes, ont-ils pu ne pas voir que leurs pièces sont un germe du spectacle public ?

364. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Parce que le public ne veut pas voir toute l’étendue du discernement de l’Auteur ; parce qu’un Comédien développera ses pensées, ses sentimens mieux qu’un autre, le Poëte ne les à point eus ? parce que l’un travaille dans le fond d’un cabinet, & que l’autre joue en public, les finesses dont l’un assaisonnera son jeu, ne seront point à l’autre, qui les a senties & exprimées, soit en détail, soit dans le caractère général de sa piéce & de ses personnages ?

365. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que l’église ait improuvé en général tout ce genre de plaisirs : car encore qu’elle restreigne ordinairement les punitions canoniques qu’elle emploie pour les réprimer, à certaines personnes, comme aux clercs ; à certains lieux, comme aux églises ; à certains jours, comme aux fêtes ; à cause que communément, ainsi que nous l’avons remarqué, par sa bonté et par sa prudence, elle épargne la multitude dans les censures publiques : néanmoins parmi ces défenses, elle jette toujours des traits piquants contre ces sortes de spectacles, pour en détourner tous les fidèles. […] Il admoneste les Princes et les Magistrats de chasser les comédiens, les baladins, les joueurs de farce, et autres pestes publiques, comme gens perdus et corrupteurs des bonnes mœurs, et de punir ceux qui les logent dans les hôtelleries. » Je ne finirais jamais si je voulais rapporter tous les titres, dont il les note.

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