Car enfin, puisque tout le monde sait que l’Esprit du Christianisme n’agit que pour éteindre les passions, et que l’esprit du Théâtre ne travaille qu’à les allumer ; quand il arrive que quelqu’un dit un peu rudement que ces deux Esprits sont contraires, Il est certain que le meilleur pour les Poètes c’est de ne point répondre afin qu’on ne réplique pas, et de ne point nier, afin qu’on ne prouve pas plus fortement ce qu’on avait seulement proposé.
Nous ne nous proposons pas d'éclairer l'esprit sur le vice et la vertu, en la peignant de leurs vraies couleurs ; nous ne songeons qu'à émouvoir les passions par le mélange de l'un et de l'autre.
En élevant la voix contre cette école de l’immoralité, « nous nous proposons d’empêcher que quelqu’un ne se fasse illusion en croyant qu’il est permis d’aller au spectacle, car l’amour du plaisir a tant de force sur la plupart des hommes, qu’il les porte à différer de s’instruire de ce qui leur est défendu, pour avoir un prétexte de s’y satisfaire, ou à tâcher de corrompre leur propre conscience par de fausses raisons par lesquelles ils se persuadent que le mal, auquel ils ne veulent pas renoncer, n’est pas un mal réel.
Il les regarde comme un amusement indifférent en foi, honnête même par le motif qu’on s’y propose, & qui tout au plus deviendroit criminel par le danger qu’on pourroit y courir ; mais danger à présent, dit-on, chimérique, le théâtre étant épuré comme il l’est de nos jours.