Platon dans sa jeunesse composa des pieces de théatre, il donna aux comédiens une Tetralogie, c’étoit un spectacle composé de trois tragédies & une comédie, sur lequel on donnoit des prix. […] Dans un Vaudeville de l’opera comique le jugement de Pâris, Junon pour obtenir le prix de la beauté, offre de l’or à Pâris, pour le corrompre. […] L’Académie de Parme distribue plusieurs prix, elle a donné en 1770, pour prix de l’architecture, le plan d’un théatre magnifique, propre à toute sorte de représentations, qui réunisse les différences parties de la distribution, & décoration antérieure & extérieure, la forme & les dimensions de l’orchestre, des loges, de l’amphthéatre, pour les changements de scéne, la pompe de la représentation dans toutes sortes de drames liriques, tragiques & comiques ; tout le théatre est mis sur le trône littéraire.
Le merite toutefois estoit encore plus consideré que toute chose ; & l’estime d’une haute vertu estoit si generale & si uniforme parmy les Romains, qu’ils faisoient un point de Religion de son prix & de sa recompense, & qu’ils croyoient que l’un & l’autre devoient estre inviolables. […] Car si ceux de bois estoient considerables par l’ouvrage, il en estoit d’or, d’argent & de plusieurs autres metaux, qui portoient leur prix dans leur poix & en leur valeur. […] I’ay fait tous mes efforts pour raporter les supputations justes & precises, tant du prix des choses, que des especes dont on faisoit les payements. […] Mais s’il y a lieu de s’estonner voyant l’indifference que les derniers Empereurs ont eu pour de si grands honeurs, & qu’ils ayent laissé abolir une si glorieuse coûtume de recompenser la Vertu ; il n’y a pas moyen de n’estre pas surpris de voir des Ames assez fieres ou assez bizares pour refuser un si glorieux prix de leurs merites & de leurs belles actiõs quand la Iustice & la reconnoissance répondoient soigneusement & si plainement au merite.
A quoi donc aboutit la morale d’une pareille pièce, si ce n’est à encourager des Catilina, et à donner aux méchants habiles le prix de l’estime publique due aux gens de bien ? […] Le monstre qui sert de héros à chacune de ces deux pièces achève paisiblement ses forfaits, en jouit, et l’un des deux dit en propres termes, au dernier vers de la tragédie : Et je jouis enfin du prix de mes forfaits. Je veux bien supposer que les spectateurs, renvoyés avec cette belle maxime, n’en concluront pas que le crime a donc un prix de plaisir et de jouissance ; mais je demande enfin de quoi leur aura profité la pièce où cette maxime est mise en exemple ?
Il pourrait bien y avoir des scènes bien instructives et amusantes, sur l’enthousiasme des amateurs, et le prix excessif qu’ils mettent aux productions ordinairement médiocres, le plus souvent véreuses de ce mauvais terroir, et à peu près comme le maître de danse et de musique du bourgeois gentilhomme, attachent le bonheur et le gouvernement du monde à une ariette ou à un rigodon. […] De sorte qu’au jugement même de leurs adorateurs, Melpomène et Thalie ne sont que des misérables couvertes de haillons, qui ont un habit pour les jours de fête, en ore n’est-ce qu’un habit d’arlequin, composé de pièces rapportées, où l’on trouve un morceau d’étoffe de prix, quelque joli compartiment, ou quelque couture bien liée. […] Il avait un frère poëte comme lui, mais qui composa en des genres plus utiles des ouvrages de tout un autre prix, quoique moins célèbres. […] A ce prix Cartouche faisait des vols sublimes. […] Cette magnifique architecture n’est qu’une aune de toile peinte : l’illusion de la perspective en fait tout le prix.