Ce prince lui réplique qu’il veut les garder, & lui ordonne de quitter ses Etats avant le lever du Soleil. […] Ce prince renvoie en France un esclave, absolument privé de toute ressource, sur la promesse qu’il lui rapportera la rançon de douze Chrétiens, au nombre desquels il met Luzignan. […] Il est formé sur de simples incidents, comme dans Œdipe, sur l’oracle ambigu d’Apollon, & dans Athalie, sur le songe de cetre Princesse ; sur des passions comme dans le Cid, sur l’amour de Rodrigue pour Chimene ; ou sur des incidents & des passions, comme dans Rodogune, sur le droit d’aînesse, que Cléopatre promet de donner à l’un de ses enfans jumeaux ; sur la haine de celle-ci pour celle-là ; & sur l’amour des deux jeunes Princes pour Rodogune.
Les longues queues sont rares, elles ne subsistent qu’au Palais, dans le haut Clergé, dans les grandes cérémonies, processions, funérailles, entrées, mariages, couronnement des Princes, où elles jouent un long rôle, dans les écussons, où l’on voit une foule de queues de toute espece, & sur le théatre dont elles sont une décoration. […] On croyoit y voir un air de grandeur, lorsque sur la scene les Princes & les Princesses de la Cour de Melpomene s’en affubloient pompeusement. […] Les queues des Princes & des Princesses y remplissent un grand espace, obligent les acteurs à se tenir écartés, & balayent réellement le théatre en le traversant : Longo Symare verrit humum ; pensée que Boileau n’a fait que traduire : Le vaste terrain qu’on occupe, la vaste étoffe qu’on déploie, agrandissent, impriment une majesté frappante, présentent un héros & une héroine. […] La queue traînante en est un reste, une partie de la prosternation ; aussi ne se fait on jamais porter la queue devant les Rois & les Princes dans le sanctuaire, devant le saint Sacrement. […] On traîne des queues aux nôces des Princes, comme aux funérailles ; au théatre, en jouant la farce, comme à la Tournelle en condamnant à mort ; au bal masqué en Magistrat, comme aux processions avec le corps de la Magistrature ; on se déguise même souvent au théatre en prenant une robe de Palais, & la longue queue n’est pas une des moindres parties de la farce.
Bernard, à qui de toutes parts les Princes offroient des Monastères. […] Ce sont les Princes, & non les Papes, qui ont conduit les armées des Croisés qui ont pillé & ravagé, & attiré tous les bandits. […] Les Princes contemporains ne sont pas plus épargnés. […] n’est-ce pas dire que les Princes heureux ne sont trop souvent que des tyrans, que le peuple en faisant la loi à ses Rois, quand leur foiblesse le lui permet, ne fait que reprendre ses droits & ses franchises, & même en le déposant, comme Jean sans terre, Charles I, Jacques II, & le foible Childeric ? […] Est-ce bien ménager l’honneur des Princes qui les ont soufferts, & l’honneur de l’Ecrivain qui les rapporte & les approuve ?
Tous les hommes ont naturellement l’ambition de régner ; c’est le grand sujet qui fait le plus de bruit dans le monde, qui tient les peuples en alarme, qui occupe le conseil des Princes, qui cause les guerres et les alliances, enfin l’on rapporte toutes choses à cette gloire, comme si c’était le souverain bien. Aussi pour gagner les attentions on représente sur les théâtres un Héros avec toutes les belles qualités qui sont les présages des grandes fortunes, ensuite on en fait un conquérant qui se jette dans les combats, qui s'asujettit les Princes et les peuples par le sort des armes, et par les adresses de la police, sans autre droit que la force.