Là il aiguise ses flèches, Scintille mille flammèches, Rend mille cœurs abattus : Là il montre que ses armes Prennent forces dans les charmes De vos célestes vertus. […] Puisque tout vous favorise Nous ferons une entreprise, De vous vaincre sans danger : C’est que dedans une année Un bienheureux Hyménée Vous prendra pour nous venger.
Je ne diray pas, que c’est pécher mortellement, d’aller à la comédie ; mais je diray, qu’à plusieurs c’est péché mortel, d’y aller : La verité de cette proposition ne se prend pas simplement du spectacle, mais encore des dispositions particulieres de la personne, Elle est, par exemple, d’un tempérament doux & très-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feü ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’expérience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combatus. […] Me direz-vous encore, qu’on en voit, qui estant consacrez à Dieu, ne font aucune difficulté de se trouver avec les seculiers, pour prendre le divertissement de la comédie ? […] mon Dieu, Madame, laissons là, je vous prie, cette partie si délicate de l’Eglise, sans la toucher rudement : Ces gens portent alors avec eux leur condamnation, sans que nous soyons obligez de parler ; nous ne devons avoir, que le silence, & le gémissement, respectant toûjours leur caractére ; nous n’avons qu’à baisser les yeux de honte, pour celle, qu’ils ne prennent pas, comme pour nous persüader, que nos yeux ne voyent pas, ce qu’ils voyent en effet ; Et je m’asseure, que vous-même, ayant l’esprit un peü Chrêtien, vous ne tirerez pas avantage d’un exemple, qui passe le scandale ordinaire, pour aller plus librement à la Comédie. […] C’est l’apas, où sont pris ceux, qui au reste veulent le bien, mais qui veulent aussi avoir part aux plus agréables divertissemens du siecle ; Et c’est ainsi, que cette mal-heureuse réformation, engage plusieurs personnes de pieté dans un desordre, où l’on ne voyoit auparavant, que celles, qui avoient renoncé à la vertu.
Si elles prennent les divertissemens de la Comedie, elles contribuent à y porter les autres, & à les faire passer pour des choses absolument permises & indifferentes. […] Mais c’est en vain, que vôtre Demoiselle de condition s’excuse sur leurs exemples : celles, qui donnent du scandale, seront punies ; & les personnes qui en prennent, n’échaperont pas à la glaive d’un Dieu vengeur des ames innocentes. […] De quelle maniere elle se fera coeffer ; quel habit & quelle garniture elle prendra ; à quoi elle passera la journée ; s’il y a lieu d’esperer de la bonne compagnie. S’il arrive par hazard, qu’elle n’oublie point d’offrir le matin à Dieu les actions qu’elle fèra ; ne se prend-elle pas de la maniere qui suit, du moins par une intention implicite qui se manifeste par les œuvres de la journée ? […] Qu’elle ait donc pris son parti : je n’examine point si ce choix a été uniquement fait pour Dieu, & si c’est pour y mieux faire son salut, qu’elle s’est determinée de s’établir dans le monde.
Ce Sannyrion vivait, je crois, cent ans auparavant Aristote, qui florissait 384. ans avant que la Réligion chrétienne fut connue, & lorsque la Tragédie venait de prendre une forme convenable. […] Je laisse là sa prémière origine trop épineuse à démêler, je le prends lorsqu’il nous est aisé de présumer qu’il marchait déja d’un pas fier à côté de la Comédie & de la Tragédie des Grecs. […] Or, cette Musique avait quelque chose de burlesque, donc elle est une preuve que l’Opéra-Bouffon avait déja pris naissance.