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146. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Quelle part pourrions-nous prendre à la satisfaction qu’il va goûter ? […] S’il a corrigé le ridicule, & que le ridicule ne prenne sa source que dans le vice, votre distinction est défectueuse. […] Ne vous en prenez qu’à vous-même : c’est jalousie de métier : c’est ce desir inextinguible, de vous ériger en réformateur universel, qui vous dévore. […] Comme la plus juste guerre a la paix pour objet, & qu’on ne prend les armes que pour assurer le bonheur & la tranquillité de la Nation, c’est dans cet état paisible qu’il faut la considérer. […] Aussi inconséquent dans cette partie de votre discours que dans tout le reste, permettez-moi de vous mettre un instant aux prises avec vous-même.

147. (1667) Traité de la comédie « Préface » pp. 452-454

Préface Une des grandes marques de la corruption de ce siècle est le soin que l'on a pris de justifier la Comédie, et de la faire passer pour un divertissement qui se pouvait allier avec la dévotion. […] On ne se contente pas de suivre le vice, on veut encore qu'il soit honoré et qu'il ne soit pas flétri par le nom honteux de vice, qui trouble toujours un peu les plaisirs que l'on y prend, par l'horreur qui l'accompagne.

148. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Laurent de Médicis le prit pour son Sécretaire, & le fit entrer dans cette partie de l’éducation de son fils. […] Il n’osa pourtant pas refuser de l’avaler, espérant de prendre de contrepoison. Il retourne chez lui, & en prend ; mais c’étoit trop tard, il mourut trois heures après. […] Ce goût frivole a si bien pris dans cette nation livrée au plaisir, qu’il s’y est soutenu à travers les miseres & la barbarie des siécles d’ignorance. […] Ils ont tout pris sans rien changer du Journal de Trevoux, Avril 1758.

149. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Ce ne fut que quatre cens ans après qu’ils prirent une nouvelle forme, par les soins de Thespis ou d’Eschyle, qui jettèrent dans les chœurs un Personnage récitant. […] Dignes appréciateurs des talens qu’ils employaient, ceux qu’ils présentaient au Public, étaient une preuve de leur goût, & ne devaient souvent leurs succès qu’aux soins qu’ils prenaient de les former. […] Encore une fois, je ne saurai jetter les yeux sur la naissance du grand-Opéra, sans être tenté de le prendre pour l’Opéra-Bouffon. […] Son genre éxige absolument du Spectacle & de la variété, sans quoi il serait d’un ennui insupportable ; & un fait pris dans l’Histoire n’offre pas toujours un champ assez vaste. […] Mais est-ce donc au Poète lyrique qu’il faut s’en prendre ?

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