Peu de livres nouveaux où les estampes ne soient répandus à pleines mains, jusqu’aux vignettes, aux culs de lampe, aux lettres Majuscules. […] Les appartemens, ameublements, équipages, bijoux, jardins, tout est plein de tableaux, d’estampes, de statues, de miniatures ; mais ce luxe frivole n’est point l’objet de nos réflexions : nous nous bornons au luxe à l’Iconomanie littéraire & théâtrale, sur lesquelles il ne paroît pas qu’aucun auteur air exercé sa plume, nous en avons déjà parlé. […] Ce sont là trois especes d’images défendues contre la Réligion, les mysteres, les Saints, les cérémonies, les Papes, les Evêques, les Prêtres, les Religieux, les livres hérétiques en sont pleins ; toutes les sectes en ont fait. […] Tandis que le furieux Léon l’Isaurien, le méprisable Copronime, arrachoient des Eglises les images des Saints, leurs palais, leurs jardins étoient pleins de figures indécentes des Dieux & des Déesses du Paganisme. Dans les pays Protestans, où l’on fait semblant de craindre le danger de l’idolâtrie, tout est plein de mauvais tableaux ?
Les pompes du Diable sont les Spectacles du Théâtre, et toutes les autres vanités semblables, dont le saint Roi David demande à Dieu d'être délivré : Détournez, dit-il mes yeux, afin qu'ils ne regardent point la vanité ; Ne vous laissez donc pas emporter à la passion pour les Spectacles du Théâtre, pour y voir les excès des Comédiens tout pleins d'impureté, et d'infamie. […] Car si en ce lieu où l'on chante les Psaumes, où l'on explique la parole de Dieu, et où l'on craint et respecte sa divine Majesté ; la concupiscence ne laisse pas de se glisser secrètement dans les cœurs, comme un subtil larron; Ceux qui sont toujours à la Comédie, où ils ne voient et n'entendent rien de bon, où tout est plein d'infamie et d'iniquités dont leurs oreilles et leurs yeux sont investis de toutes parts; comment pourront-ils surmonter la concupiscence ? […] On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant un Peuple ; qui ont fait une étude de l'impudence, qui par leurs regards, et par leurs paroles répandent le poison de l'impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les voient, et qui les écoutent, et qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne à détruire la chasteté, à déshonorer la nature, et à se rendre les organes visibles du Démon, dans le dessein qu'il de perdre les âmes ; enfin tout ce qui se fait dans ces représentations malheureuses ne porte qu'au mal : les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison tout y respire l'impureté. […] Je vous déclare à vous tous, qu'aucun de ceux qui participent à cette sainte Table, ne trouble, et ne perde son âme par ces Spectacles qui causent la mort : tout ce qui s'y fait, est plein des pompes de Satan, et ne respire que l'impureté.
La conséquence que la Glose a tirée de cette loi générale, est que toute espece de Comédiens, sous quelque nom qu’ils se produisent, sont atteints de plein droit du vice dont nous parlons, sic putat Glossa quod Joculatores omnes sunt infames ipso jure . […] C’est l’intérêt propre que l’on a préféré à celui de l’État ; ce motif plein de force sur l’esprit humain, étouffe les leçons de la justice & de l’honnêteté ; mais dans la défense des Spectacles, l’ambition ne se trouve nullement intéressée, la tolérance n’est pas une dérogation aux droits du Prince, le peuple songeroit moins à la révolte, seroit moins occupé d’intrigues & de cabales, s’il étoit amusé dans un Amphithéâtre.
Toutes les Tragédies sont pleines d’horreurs : renversement de fortune, conspirations, assassinats de princes, suïcides, tel en est le dénouement, telle en est l’intrigue. […] De-là l’écrivain fut conduit dans un chambre abandonnée, où on lui montra un vieux coffre plein de vieux papiers livrés aux vers & à la poussiere depuis la mort de Montagne en 1592. […] Plein de gasconnades & de saillies souvent amusantes ; il attache, il divertit, met à son aise l’esprit & le cœur : mais le fonds, le but, le cannevas de tout son ouvrage n’est autre que sa personne. […] On est plein de soi-même, on aime mieux en dire des petitesses, & même du mal, que de n’en rien dire : on ne voit pas que, quand on parle à son désavantage, on est toujours cru, & qu’on ne l’est jamais quand on en dit du bien ; & dans tous ces divers cas on me manque pas de plaire & de se faire mépriser. […] Le Voyage d’Italie de l’Abbé Coyer est plein de réflexions plaisantes, toutes vives, dans son style badin & caustique.