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199. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Le bel age est la saison des plaisirs, ils y sont plus piquants et plus agréables ; il faut profiter du printemps de la vie, tout alors est pardonnable. […] Les figurantes de l'Opéra et des deux comédies de Paris font plus de tort à la jeunesse Française qu'elles ne donnent de plaisir et de lustre à la nation. […] Ce Prince, à qui l'âge, la dévotion, la satiété rendaient les plaisirs insipides, s'ennuyait beaucoup, et ennuyait Madame de Maintenon, chargée de l'entretenir. Elle ne savait le plus souvent comment s'y prendre pour remplir un si grand vide, et remplacer tant de fêtes et de plaisirs bruyants qui l'avaient si longtemps amusé. […] Lazare, moins complaisant que le P. la Chaise, se déclara hautement, écrivit et prêcha sur l'état déplorable des Chrétiens qui se livrent à des plaisirs scandaleux, quoique en apparence innocents.

200. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVIII. Doctrine de l’écriture et de l’église sur le jeûne. » pp. 98-101

Il ne faut pas s’étonner que durant ce temps on défende spécialement les spectacles : quand ils seraient innocents, on voit bien que cette marque de la joie publique ne conviendrait pas avec le deuil solennel de toute l’église : loin de permettre les plaisirs et les réjouissances profanes, elle s’abstenait des saintes réjouissances, et il était défendu Ibid. can. 51. […] convient-il d’entendre alors ou des bouffons dont les discours éteignent l’esprit de componction, ou des comédies qui vous remplissent la tête de plaisirs vains et mondains, quand ils seraient innocents ?

201. (1731) Discours sur la comédie « Lettre à Monsieur *** » pp. -

J’ai même mis par écrit, pour faire plaisir à quelques personnes, ce que je n’avais dit que de vive voix, et je vous laisse le maître de tout pour le montrer à qui vous jugerez à propos. […] Je ne puis vous exprimer le plaisir que cette Lettre m’a donné : car outre que tout le monde doit être édifié des sentiments humbles et chrétiens dont elle est pleine, je vois avec joie que quelques mots un peu trop forts qui m’avaient échappé dans les Discours ne tombent que sur un Fantôme, et sur un Auteur inconnu, qui pour défendre la Comédie, s’est servi mal à propos du nom ou du moins des qualités d’un Prêtre et d’un Religieux tel que le R.

202. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Quand la raison cède et n’a plus d’empire sur les sens, comment persuadera-t-elle à une jeune personne, de trancher dans le vif, de se priver d’un plaisir qui entraîne ? […] Leurs sens sont tellement occupés des objets qui y ont laissé une impression neuve et profonde ; leur imagination y est tellement absorbée, que vous ne leur entendrez pas dire un mot, pas fixer un œil sur ce qui pourroit les distraire : les caractères les plus gais, les plus actifs à jouir des plaisirs innocens, sont d’une insensibilité repoussante et ne savent plus que méditer…. […] Des personnes dévouées à la piété, détrompées des illusions du monde ; des gens pour qui les farces mimiques n’ont jamais eu d’attraits, n’ont pu tenir contre le plaisir de voir l’innocence devenir, comme parle St.  […] On verroit des pères et des mères de famille répandre des larmes amères sur l’impossibilité d’allier l’état de leur maison avec la dépense journalière des spectacles, où par une réunion fatale de frais dans un seul objet, le luxe de la parure, le faste bruyant des voitures, et le prix souvent excessif d’une stérile jouissance, absorbent des ressources improportionnelles à ce dévorant plaisir. […] C’est une chose affligeante que l’esprit de dévastation qui s’est emparé de toutes les têtes, contre les lieux propres à provoquer la réflexion, à calmer l’agitation des sens, à accueillir les plaisirs innocens.

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