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94. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

En effet, quelle extinction de piété, et quel renversement de raison n’est-elle pas capable de produire dans l’esprit d’une fille, quand elle voit épouser par Chimène celui qu’elle appellait auparavant « L’autheur de ses malheurs, et l’assassin de son père. » Car ne pourra-t-elle pas s’imaginer que les devoirs les plus essentiels et les plus indispensables d’une fille à l’égard de son père, doivent céder à la passion d’une amante volage et inconsidérée ? […] D’ailleurs les Vers que le Poète met dans sa bouche, se ressentent bien davantage de la fierté orgueilleuse d’une ancienne Romaine, que de la piété et de l’humble courage d’une Vierge Chrétienne, qui se serait réjouie de se voir humiliée par son Tyran. […] Car il engage les spectateurs dans le danger de n’avoir jamais ni estime ni amour pour la véritable piété. […] Que si on leur voit faire quelque action de piété et de vertu, on dira que ce fourbe et cet hypocrite en faisait encore de plus surprenantes.

95. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Ces cas n’arrivent pas : un cœur assez bas et assez débauché pour prendre de pareilles femmes, est bien éloigné d’avoir du goût pour le ministère et pour la piété. […] Si les Comédiens ne veulent point avoir de la piété, qu’ils laissent du moins la piété en repos dans son temple, et ne viennent point l’insulter par un excès de profanation qui fait mépriser et le lieu saint qu’il déshonore, et les lois de l’Evangile qu’il brave, et les foudres de l’Eglise dont il se joue. […] Mais c’était alors une espèce d’insulte et d’impiété, par le mélange des choses saintes avec les plus profanes : la piété des fidèles était encore trop pure, pour n’être pas indignée d’un pareil assemblage.

96. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Cette piété, cette grandeur d'âme, cette probité, cet héroïsme, cette compassion, cette terreur, quel dommage ! […] Je sais qu'il est des livres de piété très bons et très autorisés (le Combat spirituel), qui donnent pour pratique aux âmes ferventes, d'exciter de nouveau les mouvements des passions que l'on vient de vaincre, la haine, la colère, l'impatience. […] Qui a plus d'éloignement de la prière, des saintes lectures, des bons discours, et de tout exercice de piété, qu'un homme plein des frivolités du théâtre ? […] La piété ne voit que Dieu, attentive à tout, elle réprime les moindres saillies.

97. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Dans la proscription des images, ce n’est plus le vain prétexte, que Dieu défend d’adorer les idoles, dont on se servoit autrefois, c’est une horreur décidée de tout ce qui sert à la piété. […] Mais on les garde parce qu’on aime le vice, & que la piété, son ennemie déclarée, est un censeur redoutable. […] Voilà le théatre ; il ne peut souffrir l’ombre de la piété. […] Ces idées sont dans tous les livres de piété ; mais S.  […] Qu’on cherche la piété au milieu des parures mondaines, elles en sont l’aneantissement.

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