Il est certain que ses partisans même en conviennent qu’Elisabeth ne fut jamais dévote, même dans la Religion qu’elle professoit : jamais aucun exercice de piété dans la journée, elle alloit rarement à l’Église, & n’y paroissoit que comme à la salle d’audience ; pour se donner en spectacle avec la plus grande pompe dans les occasions d’éclat ; on l’y voyoit toujours distraite, sans attention, sans respect à la prière au service, à la parole de Dieu ; elle n’aimoit point les Sermons, & quand il lui plaisoit, elle interrompoit & faisoit descendre le Prédicateur, prétendant avoir le droit de le faire en qualité de Gouvernante de l’Église, au spirituel & au temporel elle disoit que deux ou trois Prédicateurs suffiroient pour tout un pays, à la mort même elle ne donna aucun signe de piété, & renvoya fort brusquement son Évêque qui lui faisoit quelque exhortation. […] L’Église Romaine l’employe avec fruit pour maintenir la dévotion des Fidèles, & les Protestans qui absolument décharnent le culte, suppriment les cérémonies, dépouillent les Temples, & les Ministres connoissent mal le cœur humain, & ne ménagent pas les intérêts de la piété ; mais on a raison de se moquer d’un système de Religion bisarre & inouï dans le Christianisme, dont une partie détruit l’autre.
Il est aisé de sentir que, les mêmes raisons de piété qui les font fermer, doivent empêcher de les ouvrir. […] Tous ces obstacles sont levés d’abord après Pâques, le théatre sanctifié va maintenir, augmenter cette piété qu’on craignoit qu’il n’empêchât d’acquérir : ce sera un exercice de dévotion. […] Nous ne lui disputons aucune couronne littéraire ; mais nous voudrions qu’il eût respecté la piété & les bonnes mœurs, & que le Journal des Savans, ouvrage sérieux & sage, qui mérite l’estime & la confiance du lecteur, n’eût pas donné de la vogue, par un éloge sans borne, mais plutôt par des restrictions de préservatif qui missent à couvert les intérêts de la vertu, & éloignassent l’innocence du danger qu’elle court.
Louis, où, sous les loix & les auspices de la pieuse fondatrice, on donne à la noblesse françoise les plus belles leçons les plus beaux exemples de la piété chrétienne, si on en excepte les égaremens du spectacle.
Les Italiens & les Espagnols sont naturelment dévots, aussi voit-on dans quelques unes de leur Comédies des Processions dans les règles, & tout ce qui a rapport à la piété.