La Parodie attaque souvent la personne même, en la contrefesant, en l’imitant au naturel ; Aristophane en a plusieurs éxemples dans ses Pièces : les masques ressemblans qu’il fesait porter à ses Personnages, pour désigner les principaux Athèniens, en sont une preuve. […] Nos Pièces simplement de Dialogues ne sont pleines sur-tout que de bouffonneries ; elles éxcitent le rire immodéré, par un Spectacle, par une action burlesque, & par de bons mots entâssés les uns sur les autres : elles ne peuvent amuser que la populace ou les enfans. […] Cette Pièce est pleine de railleries spirituelles sur Homère, & contre divers Auteurs tragiques. […] Cette Pièce offre un Spectacle fait pour des fous, plutôt que pour des hommes sensés. […] Quel mérite trouve-t-on à remplir une Pièce de bouffonneries sans vraisemblance, d’actions èxtravagantes ?
Il est probables que les chœurs des Pièces Grecques & Romaines étaient semblables à ceux de notre Opéra-Héroïque ; ces paroles du savant Ménage achèvent de nous le confirmer : « Les chœurs de l’ancienne Comédie étaient de vingt-quatre personnes ; ils étaient de quinze dans les Tragédies ; & ces quinze & ces vingt-quatre personnes parlaient même d’ordinaire toutes ensemble ». C’est dommage que les paroles que prononçait le chœur, n’eussent quelquefois guères de rapport au sujet de la Pièce. […] Il est vrai que depuis peu on a l’attention, ainsi que nous l’avons remarqué plus haut(72), de jouer aux Français, dans les entre-Actes, des morceaux de musique dont le genre est à peu près semblable à celui de la Pièce représentée. […] Ce que j’ai dit ailleurs(73) au sujet du commencement des Pièces qui ne saurait être trop animé, me porte à désirer qu’on mît quelquefois à l’ouverture des Pièces du nouveau Théâtre un duo, un trio, ou bien une ariette. Je ne sais quel plaisir nous fait éprouver une Pièce qui débute de la sorte.
Caffaro, « Lettre d’un théologien, illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendu », in Pièces de théâtre de Boursault, Paris : Jean Guignard, 1694, pages 38, 40 etc. Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, ou qu’on ne veuille pas ranger parmi les pièces d’aujourd’hui, celles d’un auteur qui a expiré pour ainsi dire à nos yeux, et qui remplit encore à présent tous les théâtres des équivoques les plus grossières, dont on ait jamais infecté les oreilles des Chrétiens. Qui que vous soyez, Prêtre ou Religieux, quoi qu’il en soit, Chrétien qui avez appris de Saint Paul que ces infamies ne doivent pas seulement être nommées parmi les fidèlesb, ne m’obligez pas à répéter ces discours honteux : songez seulement si vous oserez soutenir à la face du ciel, des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante ; et la pudeur toujours offensée, ou toujours en crainte d’être violée par les derniers attentats, je veux dire par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces. […] Caffaro, « Lettre d’un théologien, illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendu », in Pièces de théâtre de Boursault, Paris : Jean Guignard, 1694, pages 38, 40 etc.
Et pourquoi, si le cœur de l’homme (comme vous le dites quelque part) est toujours droit sur ce qui ne se rapporte pas personnellement à lui, pourquoi cette pièce ferait-elle de ses auditeurs plus de Mahomet que de Zopire ? […] Vous direz au moins de cette pièce, ce que vous avez dit de nos comédies modernes, qu’elle vaut bien un sermon ; et je n’en veux pas davantage. […] J’ajouterai que cette pièce a corrigé les hommes : car s’il est encore des maris infidèles et dissipés, il n’en est plus qui rougissent d’aimer leurs femmes, et d’avouer leur amour. […] Et demanderez-vous aux spectateurs, de quoi leur aura profité la pièce, où des sentiments si vrais et si respectables sont mis en exemple ? […] Si nous le regardons avant la pièce, c’est un incestueux qui abuse de la femme de son frère.