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138. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Les leçons de morale y sont d’ordinaire d’un froid à glacer l’auditeur, il ne se plaît que dans l’intrigue, qu’à voir surmonter par des personnes passionnées, l’une pour l’autre les divers obstacles qu’oppose la prudence de ceux qui ont autorité sur elles, dans les larmes qu’ils versent lorsqu’ils sont forcés de se séparer. […] Mais j’entends ici plusieurs personnes qui protestent qu’elles ne se sentent point émues à la comédie, et qu’elles n’ont jamais reçu aucune atteinte, aucune impression maligne de ces sortes d’images. […] Si le grossier et le scandaleux est retranché des pièces sérieuses, ou s’il y est plus finement enveloppé, elles n’en sont que plus dangereuses, parce que le poison y est mieux déguisé, et que les personnes qui ont naturellement l’honneur en recommandation, ne s’en défiant pas, y ouvrent leur cœur sans résistance. […] Plus même les personnes qui y vont passent pour vertueuses et réglées, plus leur péché est grand à raison du scandale. […] Je dis à ces personnes, occupez-vous sérieusement, et sortez de cette vie molle qui suffit toute seule pour vous damner, quand vous n’y joindriez pas des crimes marqués, et des transgressions mortelles.

139. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Je ne crois pas que personne ose le contester. […] Personne ne dira que nos Acteurs voulussent se prêter à cette étude, & fussent propres à donner d’utiles instructions, telles que sont dans les Communautés les lectures qu’on a coutume d’y faire. […] Quelle extrémité plus vicieuse & souverainement vicieuse d’en faire métier, d’y consacrer sa personne & sa vie ! […] quelle jeune personne ne les prend pour modelle, & ne se fait gloire de les imiter ? […] Le danger est de même relatif au caractère des personnes, plus grand pour les uns que pour les autres.

140. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

les Histrions ne gagnent pas seulement leur vie avec leurs mains, mais avec leurs corps, il fait bien connaître qu'il n'entend pas parler des Comédiens et des Tragédiens, qui agissent plus de la langue que de tout le reste de leurs personnes ; mais seulement des Mimes, Pantomimes, et autres Bateleurs de la Scène et du Théâtre, dont l'art était de s'expliquer bien plus par les postures que par le discours : et nous pouvons découvrir son sentiment, quand il écritDe Spect. […] s'explique de la même sorte, en condamnant les Spectacles de toutes sortes de Bateleurs, les chansons de personnes efféminées, les impudences de l'Orchestre destinée aux Sauteurs et aux Farceurs, comme nous l'avons expliqué. […] donner aux Histrions, on n'a regardé que les Mimes et Farceurs, et ces termes ne se peuvent étendre plus loin ; car il les nomme Bateleurs et Bouffons, et les conjoint aux Combats d'hommes et de bêtes, aux plus viles personnes du Cirque, et à ces femmes prostituées de la Scène qui jouaient les Mimes « Histriones, Mimos Cærerosque circula ores, perditos homines. » Concil.

141. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Il est de certains désordres, sur lesquels une longue habitude et une coutume invétérée ne permettent pas quelquefois à des personnes d’une vie d’ailleurs exemplaire et irreprochable, de réfléchir. […] Nous n’empêchons pas non plus que l’on ne puisse mettre dans les entr’actes de ces Tragédies une Symphonie honnête et modeste : mais nous ne voulons pas que l’on y emploie des personnes consacrées à Dieu ou par l’Etat Ecclésiastique qu’ils ont embrassé, ou par les fonctions Ecclésiastiques qu’ils exercent dans des Eglises particulières où on les voit revêtus de Surplis. En effet n’est-ce pas un désordre manifeste et un scandale, que la même personne qui aura paru pendant les Offices Divins occupée à y chanter sous un habit Ecclésiastique les louanges de Dieu et à servir à l’Autel au plus redoutable de nos mystères, paraisse ensuite et quelquefois le même jour sur un Théâtre, ou fasse partie du spectacle ?

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