Les personnes invitées s’y rendirent à huit heures du soir, & trouverent les avenues, les jardins, le château magnifiquement illuminés. […] La singularité y attira la premiere fois un monde infini ; son indécence & sa platitude le fit détester à la seconde représentation : le grand Maréchal & le Baron de Kurt n’y virent presque personne. […] Tout-à-coup d’un orage formé sous d’autres climats, part un coup de foudre auquel personne ne s’attendoit sur la Vistule, qui annéantit la Société. […] Mais quel besoin de faiune loi d’un usage si commun, si établi, que personne ne condamne ? […] Le maréchal Poninski a fait plus que personne éclater ses transports : il a donné un grand repas, un grand bal.
Je vous réponds que vous sortirez du spectacle bien convaincu que personne ne croit devoir ressembler à Atrée parce que ce monstre « jouit du prix de [s]es forfaits ». […] Vous en auriez trouvé sûrement de plus dignes de reproches que celles d’Atrée ou de Mahomet ; vous auriez rempli vos prétendus devoirs sans choquer personne. […] Si un scélérat pouvait être estimé, assurément celui de M. de Voltaire mériterait cet honneur plus qu’aucun autre scélérat ; mais je suis bien certain que vous ne trouverez personne capable d’estimer un pareil monstre. […] En admirant la pièce, personne ne s’avisa cependant de trouver que Mahomet fut justifié par sa grandeur d’âme et sa politique. […] Tel qui leur accorde sa bienveillance en sortant de la Comédie, ne mérite assurément celle de personne dans la société.
Les plus zélés défenseurs du spectacle ne disconviennent pas qu’il n’y ait quelquefois des pièces mauvaises, des objets séduisants et des personnes faibles, pour qui il est dangereux. […] Malgré toutes les apologies et l’assurance affectée des amateurs, personne qui au fond du cœur ne sente ces vérités. […] C’était un devoir aux personnes publiques de s’y trouver en cérémonie, comme parmi nous c’est un devoir aux Magistrats de se trouver aux entrées des Princes, au sacre des Rois, etc. […] Bientôt ils attaquèrent des personnes d’un rang plus élevé, et enfin rien ne fut à l’abri de leurs satires. […] Un premier, qui leur défendit absolument de blesser la modestie et la réputation de personne, ayant été mal observé, un second leur défendit de jouer aucune pièce qui n’eût été examinée et approuvée par des Commissaires du Parlement.
On concevra aisément d’après ce principe, qu’une instruction mise en action, c’est-à-dire, qu’une action qui renferme une vérité utile, étant représentée d’après nature, fera bien plus d’impression dans l’ame des spectateurs, que n’en feroit la même action que les mêmes personnes se seroient contentées de lire. […] L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.