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373. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

mais si rude, et avec si peu d’élégance, que les Athéniens ne voulurent permettre, qu’elles fussent aucunement portées aux jeux de prix par les Poètes, qui vinrent après, si elles n’étaient corrigées par autres. […] [comme dit Scipion és livres de la République de Cicéron] les Comédies n’eussent jamais pu autoriser leurs vices, et dissolutions infâmes aux Théâtres, si la coutume de leur vie ne l’eût permis. […] mais aussi qu’on les apprenne par cœur : et si quelquefois au temps de paix nous voulons permettre des jeux publiques, ou quelques fêtes de récréation, pour exhiber au peuple quelque passe-temps (ce qui se doit faire, à mon avis, peu souvent, ou bien après quelque grande victoire) il en faudra choisir de ceux-ci pour les réciter.

374. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Licence très-indécente dans un prince, dans un philosophe, cruelle dans un souverain, qui blesse jusqu’au vif des sujets à qui il n’est pas permis de se défendre. […] Louis en rougissoit : il ne voulut jamais accorder le titre de reine à la veuve Scarron, ni même souffrir qu’elle en portât le nom, qu’il ne fut plus permis de prononcer : il lui donna celui de Maintenon, qui présente les idées les plus nobles de la raison & de la vertu, comme le disoit le duc du Maine, dont on lui avoit confié l’éducation.

375. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Les Maistres n’en permettent au plus que trois. […] Il faut qu’ils s’en instruisent pour s’en divertir, qu’ils y donnent les seconds soins, & les momens de relâche, autant toutefois, & non autrement que l’objet principal, & que leurs premiers devoirs le peuvẽt leur permettre. […] Sur tout observons ou faisons observer aux Chanteus, de bien prononcer toutes les paroles, & de ne se point permettre de fredon dans le milieu d’un mot qui coupe, & le rende ainsi mal-entendu, ou de passage qui porte prejudice à la chose, & aux Auditeurs. […] Le nombre en est permis, & fait une troisiéme beauté, mais il faut éviter la confusion, & tout ce qui peut blesser la justesse ou la varieté. […] Sous ce mot toutefois de Boutade, il n’est pas permis de faire des extravagances, & le dessein ne doit pas en estre moins juste, ny moins digeré : le bon sens y doit regner comme au Balet : en élever les choses basses, en purger les rampantes, en bannir les desagreables, en châtier les licentieuses, & y conserver enfin toutes choses, en l’estat qu’elles doivent estre.

376. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

C’est un objet trop important, pour qu’il soit permis de regarder avec indifférence le jugement qu’on en doit porter. […] La conservation de la pureté de nos mœurs en dépend, & quoique sans ménagement, sans daigner même entrer dans aucun examen, pour revêtir au moins d’une apparence de justice cet anathême que vous fulminez contre nous, vous nous reprochiez une corruption dont votre heureuse patrie est exempte, la vertu ne nous est pas si étrangere, qu’il ne nous soit permis de prendre un intérêt sensible à tout ce qui la concerne, & de faire tous nos efforts pour diminuer notre dépravation. […] Si quelque chose est capable de contenir la fougue des passions sous les loix modérées de la raison, c’est un art qui peut, en les faisant agir, nous faire sentir leurs forces, l’étendue de leurs mouvemens, nous indiquer quelles barrieres nous pouvons leur opposer, & nous conduire, par une combinaison insensible, à marquer les différens dégrés de consentement qu’il nous est permis d’accorder à ces penchans si nécessaires & si dangereux. […] Aussi inconséquent dans cette partie de votre discours que dans tout le reste, permettez-moi de vous mettre un instant aux prises avec vous-même. […] Vous avez de singulieres idées du prix attaché à la qualité d’honnête homme, pour vous croire permis d’en dépouiller aussi légerement, sur la foi d’un préjugé frivole, des gens dont la conduite avec vous paroissoit mériter un jugement plus favorable.

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