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106. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Le discours ne touche pas comme l’action, & les plus belles pensées d’vne harangue n’ayant sur le papier que la moitié de leur force, elles reçoiuent l’autre de la bouche de l’Orateur. […] Toutes ces especes du Poëme Dramatique se peuuent traiter en prose ou en vers : mais les vers asseurement, s’ils sont bien tournez, chatoüillent plus l’oreille que la prose, & donnent plus de grace & de force à la pensée. […] Il y en a d’autres aussi qui y apportent moins de façon, qui trauaillent & prontement & sans peine, dont les premieres pensées ne peuuent soufrir la correction des secondes, & qui tout d’vn coup jettent leur feu. […] Tout feu dans ses vers ; tout esprit dans ses pensées. […] Quelques vns d’entre eux m’ont dit, que puis qu’ils auoient embrassé vn genre de vie qui est fort du monde, ils deuoient hors de leurs occupations, trauailler doublement à s’en detacher, & cette pensée est fort Chrestienne.

107. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IX. Des Exercices, ou Reveuës Militaires. » pp. 197-204

Sur tout aupres de Paris où il y a toûjours un grand nombre de troupes, il seroit de la gloire du Roy de faire un Camp exprés avec les accompagnemens & necessaires & commodes : Car aprés tout, sa valeur qui luy fait aymer la guerre ; & sa puissance qui le rend formidable à tout le monde, doivent à toute la terre, cette preuve de sa grande Ame & de sa Magnificẽce, & pour ne ceder en rien aux Romains, ny pour le merite des grãdes actions, ny pour la gloire des belles pensées, il faut que ce jeune Conquerant ait auprés de sa principale Ville, & à la veuë de son Louvre un Camp de pareille reputation, & à pareille fin que celuy de Mars.

108. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Ce grand Prince, dit-il, qui a de grandes pensées, jusques dans les petites choses, (comme si c’étoit une grande pensée de bâtir un théatre,) en chargea Vigarani. Le Cardinal Mazarin avoit projetté de faire un théatre dans son Palais, (c’est encore une grande pensée dans un Cardinal Ministre.) […] Chez les femmes, se farder, se parer n’est pas parler contre sa pensée ; c’est plus aussi que le travestissement, & le masque où l’on ne se donne point pour ce que l’on paroît être, au contraire on veut se cacher & se faire ignorer.

109. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Ces trois sortes de faste que l’intention distingue, & dont elle rend l’usage bon ou mauvais, portent sur le même principe & produisent le même effet ; elles en imposent à l’homme, & en frappant les sens, aggrandissent ses pensées. […] Cette pensée est ancienne & commune, Martial en a fait quelque épigramme ; elle est très-vraie, & bien des gens en font sentir la vérité. […] Mais il y a dans le cœur de ces idoles de chair, tant de pensées vaines, frivoles, tant de sentimens irréligieux & impurs, tant de passions, de vices, de malignités ! […] Cette pensée n’est pas étrangère à la coquetterie, le langage ordinaire du théatre, des romans, des Poëtes, des conversations galantes, en est le dévéloppement.

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