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144. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

La musique vocale a plus de ressource pour imiter ce qui se passe dans l’intérieur de l’homme. […] S’ils voulaient faire attention à ce qui se passe chaque jour dans le monde, ils verraient que cette prétendue merveille se réduit à peu de chose. […] Les Hébreux veulent aussi passer pour être les prémiers qui ayent fait usage de la musique. […] Les Italiens & les Espagnols n’ont pas tout-à-fait tort de passer la nuit sous les fenêtres de leurs belles, à chanter, aux sons de leur guittare, les charmes qu’ils adorent. […] Après avoir passé plusieurs années à mettre en Vers les Idyles & les Poèmes champêtres de M.

145. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Phrynicus, Cherilus, Eschylus, & ceux qui composerent dans le goût de Thespis, ne parlerent plus de Bacchus ; la Tragedie s’écarta de son but, dit Plutarque, & passa des honneurs rendus à Bacchus, à des sujets de toute espece. […] Passons maintenant dans cette superbe ville de Rome, & voyons pourquoi les Comédiens y furent meprisés. […] « Après avoir passé soixante ans, dit-il, sans aucune tache, je suis sorti de ma maison Chevalier Romain, & j’y rentrerai Comédien ; j’ai vécu trop d’un jour ». […] A ce Spectacle, l’unité de lieu peut renfermer un espace aussi étendu & changé dans ses différentes parties aux yeux du spectateur, autant de fois que l’unité d’action & de tems le permet & l’exige, lorsque rien ne peut ni ne doit se passer en récit. […] C’est à ce goût dépravé de la multitude, que l’on doit attribuer le mauvais succès, dans sa nouveauté du chef d’œuvre de Moliere, le Misantrope, qui ne passa qu’à la faveur de la farce du Médecin malgré lui.

146. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

La perfection de ce Poème demanderait que l’action ne durât pas plus longtemps dans la vérité, que dans la représentation ; il est permis cependant de précipiter le temps dans les intervalles des Actes, c’est-à-dire, dans cette partie de l’action qui se passe derrière le Théâtre ; mais l’action ne peut durer au-delà de douze heures, sans blesser la vraisemblance. […] La troisième unité est celle du lieu : L’action se doit passer dans un lieu fixe, en sorte que malgré tous les mouvements différents, et toutes les allées et les venues, les Acteurs reparaissent et se retrouvent toujours naturellement dans le même endroit. […] Il faut, pour faire le portrait d’un Vieillard, le peindre grondeur, de mauvaise humeur, d’un commerce difficile, louant le passé, censurant tout ce que font les autres, et craignant toujours de manquer de biens pour l’avenir, quoiqu’il regorge de richesses. […] En changeant de fortune, pour l’ordinaire, on changé aussi de mœurs, et de sentiments : Ceux qui ont passé d’une naissance obscure aux premiers emplois de l’Etat, deviennent fiers et insolents, et persécutent les personnes d’une naissance illustre. […] La Comédie est un assemblage de paroles et d’actions réjouissantes, inventées pour le plaisir du spectateur, et capables de lui délasser l’esprit ; mais il faut supposer que ce qu’on voit, et ce que l’on dit au Théâtre, ne passe pas les bornes d’un divertissement honnête et permis.

147. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Les heures, les journées, & selon l’expression poëtique, l’année se passe à se parer ; tout le reste est compté pour rien : Dùm comantur, dùm pinguntur annus est. […] Après avoir montré combien l’oisiveté & la perte du temps abrégent la vie déjà assez courte, il ajoute ironiquement, mettriez-vous au nombre des gens oisifs ceux qui tous les jours passent plusieurs heures entre les mains des Baigneurs ? […] Elles ne sauroient se passer de ces faux embellissemens, tant qu’il plaira à la mode de les prescrire. […] Elle vous passera des vices, jamais des ridicules. […] Voilà comme se passe le printemps de la vie, la saison des graces.

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