En imitant des pareils modèles, on se procure nombre d’avantages, & de grandes ressources dans le cours de son ouvrage. […] Il est ridicule qu’un Acteur se dise à lui-même ce qui s’est fait, ce qu’il a vu ou ce qui doit arriver ; le Spectateur voit qu’on cherche à l’instruire, & que c’est à lui seul qu’on parle : une pareille mal-adresse le révolte & lui rappelle qu’il est au Spectacle. […] Un avis si sage, si important, mérite de passer pour une règle ; je n’ai pas besoin de m’éfforcer de montrer les avantages qu’on en retirerait, ils se sont assez connaître d’eux-mêmes : j’éxhorte les Poètes à placer dans leurs Pièces une pareille nouveauté, elle y répandrait des beautés qu’on y désire depuis long-tems, & dont on éloigne jusqu’à l’apparence. […] Jamais un pareil ridicule ne sera reproché aux Français ; ils ont des goûts, des caprices singuliers ; mais ces légers déffauts ne tirent point à conséquence, ils veulent, autant qu’il est possible, que l’agréable & le beau se rencontrent dans leurs plaisirs de fantaisie. […] M. de Voltaire a eû soin de marquer dans une note de la nouvelle Edition des Œuvres de ce grand Homme, combien de pareilles fautes blessaient la vraisemblance ; il aurait bien dû s’élever aussi contre les Scènes où paraît l’Infante, qui ne sont ni liées au sujet, ni amenées par le discours des Acteurs ; il est vrai qu’on les retranche à présent ; mais Corneille ne les a pas moins faites.
La seconde, d’inspirer du mépris pour la mollesse, pour la fainéantise, et pour les excès du luxe et de la volupté, qui diminuent le bonheur de leurs pareils ; la troisième, c’est de jeter du ridicule sur toutes nos petites vanités et sur nos affectations lorsqu’elles ne tendent qu’à nous donner des distinctions qui ne sont d’aucune utilité pour le Public. […] Lui faire sentir délicatement la différence d’estime et d’admiration pour les différentes vertus et pour les différents degrés de vertus en nous apprenant à nous connaître en bonne gloire et à discerner la distinction la plus précieuse entre nos pareils de la moins précieuse ; or cette distinction précieuse vient toujours des talents les plus utiles à la société, et surtout de la pratique de la justice et de la bienfaisance. 3°. […] Quand les poètes comiques auront pris soin de jeter de la haine, du mépris, ou du ridicule sur les crimes, sur les vices et sur les défauts que produit ou l’injustice, ou la paresse, ou la vanité, il sera bien plus facile aux Poètes sérieux de mettre en œuvre à l’égard des spectateurs le ressort ou le motif de la belle gloire ; car il faut bien que l’homme marche vers quelque espèce de gloire, ou de distinction entre ses pareils ; c’est son penchant naturel, c’est un de ses grands plaisirs de se sentir distingué parmi ceux avec qui il a à vivre ; ainsi quand les bons Comiques nous auront bien dégoûtés de toutes les sortes de distinctions qui gâtent le commerce, nous marcherons naturellement vers la distinction vertueuse qui naît de l’acquisition des talents et de la pratique des vertus qui rendent le commerce agréable. La raison nous dicte donc de travailler à fortifier dans les Citoyens, un des deux principaux motifs des actions des hommes, qui est l’amour de la distinction entre nos pareils ; mais elle nous dicte en même temps les règles pour bien discerner les distinctions petites, vulgaires, incommodes au commerce, d’avec les distinctions précieuses qui procurent toujours la commodité et l’utilité des autres ; ce sont ces distinctions qui sont les seules véritablement dignes de louanges et désirables dans le commerce, il ne faut jamais que le désir de la gloire marche sans la connaissance de la bonne gloire ; or je suis persuadé que le théâtre bien dirigé par le Bureau des spectacles peut beaucoup servir à rendre les spectateurs non seulement très désireux de gloire et de distinction, mais encore très connaisseurs en bonne gloire et en distinction la plus précieuse afin que les hommes estiment de plus en plus l’indulgence ; la patience, l’application au travail, les talents et les qualités les plus utiles à leurs familles, à leurs parents, à leurs voisins, à leurs amis, à leur nation et au reste du genre humain. […] Je doute que de pareils connaisseurs eussent jamais passé à Corneille l’approbation tacite du duel que l’on trouve dans le Cid.
Je ne crois pas qu’il soit possible de concilier de pareilles contradictions. […] Ont-ils jamais donné une pareille audience ? […] N’auroit-il pas dû rire d’une pareille proposition ? […] Je demande s’il est naturel que de pareils événemens aient été ignorés d’un Prince Grec, & qui, comme parent & ami de la famille de Laïus, y avoit un double intérêt. […] Je ne crois pas qu’il soit bien difficile d’ajuster de pareils personnages à une action Théâtrale.
Car comme ces jeux ne se celebroient que de cinq en cinq ans, on comptoit une Olympiade pour un pareil nombre d’années, & cette maniere de compter les temps a duré mesme apres la reforme du Calendrier & jusques à Constantin. […] A leur imitation le Païs en celebra en suite de pareils de trois en trois ans.