également coupables : les poisons de la nature de ceux dont il est ici question, ne pouvant être mauvais qu’à proportion qu’ils sont apperçus, jugeons des hommes par le cortege de séduction de leur coupe empoisonnée ; un poison qui distillé goute à goute, est transmis par des canaux comme imperceptibles avec un art qui les dérobe aux trois quarts & demi des esprits de ceux qui l’avalent, peut-il faire autant de ravage que celui qui coulant à grands flots capables de renverser des cédres, a le secret enchanteur de se faire gouter, savourer, & d’ennyvrer par le charme des yeux & des oreilles généralement tous les cœurs de tout âge, de tout sexe, de toute condition ? […] Par quel art nos oreilles en font-elles autant, cher David, (M. […] Non, toujours les mêmes, les accens de ta voix plus qu’humaine, nous ravissoient toujours : mais le charme de nos oreilles ne nous empêchoit pas d’appercevoir en toi les traits d’une ame naturellement Chrétienne, qui voudroit n’avoir plus qu’à publier les miséricordes du Très-haut .
Les Bénédictins qui ont donné la relation de cette fête, & dirigé les exercices pieux qu’on y a fait, peut-être fourni le prix sans vouloir être connu, ont aussi composé les couplets qu’on y a chanté & qui valent bien aux oreilles de la vertu, tous les Vaudevilles de Panard & les ariettes de Gluck & Gretri ; les voici : Sur l’air : O ma tendre Musette !
, soit par le souvenir des premiers Spectacles qui n’estoient que pour les yeux, soit que les vers & les chants qui en faisoient la nouveauté, eussent besoin de quelques choses de plus que des paroles, pour avoir un plein effet ; soit enfin que les objets entrent dans l’ame plus fortement par les yeux que par les oreilles.
Ce sont des machines qui font entrer la mort par les yeux, par les oreilles, et par tous les sens du corps de ceux qui s’y exposent.