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67. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Cet assemblage ravit, étonne, corrompt ; c’est l’autel du vice, l’abomination de la désolation dans le sein du Christianisme, l’abjuration des promesses du baptême, le plus dangereux écueil de la vertu, les pompes même & les œuvres du démon. […] La mortification, la simplicité, la pauvreté, y sont des ridicules ; le goût des choses saintes, le recueillement, la présence de Dieu, le soin des petites choses, la vigilance sur soi-même, l’emploi du temps, l’exactitude à ses devoirs, le rapport de toutes les œuvres à Dieu, en un mot, le corps entier de la piété chrétienne, quelle chimère !

68. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Plusieurs célebres anglois, Grai, Pope, Venburton, avoient donné des observations sur des drames de Shakespear, personne n’avoit embrassé tout son théatre ; un allemand vient de faire pour lui ce que Voltaire a fait pour Corneille, une nouvelle édition de ses œuvres, avec un commentaire perpétuel, dix fois plus long que le texte, tels qu’étoient autrefois ceux de Saumaise, de Scaliger, de Lambin, sur les anciens auteurs, où le texte étoit noyé. […] Cette traduction a peu coûté : un autre allemand avoit déjà traduit une partie de ces œuvres ; on l’a employée sans façon : tout est commun entre compatriotes. […] Le libertinage de ses mœurs & le dérangement de sa fortune l’y firent chercher du pain & des actrices ; la raison dans la maturité de l’âge, & un commencement d’aisance, le tirerent de cet abyme, & mirent ses talens en œuvres ; il eut la sagesse de s’en détacher tout-à-fait, & de se rendre utile au public. […] Il fit quelques comédies : pour en faire pénitence, il quitta le monde, & passa chez les PP. de Sainte Génevieve les douze dernieres années de sa vie ; il y composa quelques bons livres, entr’autres il fit une édition des Œuvres choisies de Rousseau, supprimant ce qu’il y a de mauvais dans ce poëte, qui a si souvent abusé de ses talens.

69. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Après sa mort, ses amis rendirent & au public & à lui le mauvais service de ramasser & de faire imprimer ses œuvres, ou plutôt ses fragmens, car la plume & sa tête ne finissoient rien. […] Il n’y a guere que l’Anglomanie & la corruption des mœurs qui aient engagé à traduire ses œuvres, à leur donner quelque cours. […] Les Œuvres d’Antoine Hamilton, Duc & Pair d’Ecosse, qui parurent quelque tems après les Divertissemens de Sceaux, en sont comme une appendice. […] Quoique celles qu’y portoit Hamilton, ne soient pas les plus mauvaises, qu’elles soient imprimées & répétées dans le recueil de ses Œuvres, cette double existence ne leur assure pas l’immortalité. Le reste de ses Œuvres sont des Contes extravagans de Féeries, qui n’ont ni commencement, ni suite, ni fin, dans le goût des mascarades & des farces de Malezieux & de Mille & une nuit de Galande. 2.° Des galanteries, c’est-à-dire, des vers pour trente femmes de la connoissance, à qui il répete les insipides fadeurs des Romans qui composent le phébus des toilettes.

70. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Le commerce des courtisannes n’est que toléré, & n’a pas encore été mis en parti, il le sera bientôt sans doute, on est trop adroit dans ce siècle pour ne pas mettre tout à profit ; il est vrai quelles payent quelque chose à la Police pour obtenir leur privilège, mais cet argent n’entre point dans le trésor royal, il est employé à payer les frais de l’entretien de leur maison, de la garde & de la sûreté de leur personne ; le surplus est distribué en bonnes œuvres. […] les coupables sont punis corporellement, leurs biens sont saisis & distribués en bonnes œuvres, & leur maison vendue d’autorité publique, quand même ils n’en seroient que locataires, si le propriétaire en a été instruit & l’a souffert. […] Ces loix sont aisées à concilier, n’y ayant point d’ordre de vendre & d’appliquer le prix en bonnes œuvres, il ne reste donc plus qu’à disposer de ces loyers, & savoir à qui ils appartiendront ; s’ils n’ont pas été payés, il est défendu de les exiger. […] M. de Narbonne Lara, alors Évêque, l’ayant appris, proposa à la ville de changer cette souscription en une œuvre plus utile, & offrit de donner, de son côté, une pareille somme. Cet établissement consiste à former un mont de piété pour entretenir un grenier d’abondance d’où l’on distribueroit aux pauvres, selon l’avis des Curés pour être rendu l’année suivante dans la saison, avec un petit profit pour l’entretien du fonds, & sans profit pour ceux qui seroient hors d’état de rien payer ; cela vaudroit bien la comédie, de l’aveu même de ses plus grands amateurs qui aimèrent mieux s’en passer pour faire des bonnes œuvres.

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