Cette lettre a été laissée inédite par Racine et a été publiée pour la première fois dans les Œuvres de Nicolas Despréaux, La Haye, 1722. L’établissement de ce texte a été réalisé grâce à l’édition originale (« Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Heresies imaginaires », in Œuvres de Nicolas Boileau-Despréaux, La Haye, 1722, t.
En ce sermon combien que Saint Augustina ne fasse pas mention spéciale de toutes sortes de divinations (pour être chose trop longue, et prolixe, et qui eût bien requis un œuvre à part) si est-ce qu’il ne laisse pas et entend les reprendre sous celles qui y sont nommées. […] Les fêtes de l’Eglise qui avaient été premièrement bien et saintement ordonnées et instituées pour vaquer en icelles seulement au service divin, ou pour faire commémoration des saints afin d’imiter la bonne vie d’iceux en cessant des œuvres séculières, ont été employées à celles-là qui ne sont bonnes à jour quelconque. […] commandait qu’on s’abstînt de tout œuvre servile, c’est-à-dire de toute avarice qui se fait par négociation, et tout affaire terrien : ainsg admonestait qu’on fît les œuvres de l’âme qui s’y font par sentences et bons propos, pour aide et édification de ceux qui sont proches. […] Mais au lieu desdites bonnes œuvres, les hommes prennent plutôt les mauvaises appartenances aux fausses religions. […] Dieu nous peut dire cela aujourd’huy, pource que tout ce que les Prophètes ont dit anciennement aux peuples d’Israël et des Juifs, est aussi dit à nous et pour l’instruction de nous qui sommes surrogésj au lieu d’eux, pour être à Dieu son peuple péculier, si nous ne persévérons à nous séparer d’avec lui par ces œuvres profanes et sacrilèges.
Toutes nos actions sont dues à Jésus-Christ, non seulement comme à notre Dieu, mais comme à celui qui nous a rachetés d'un grand prix, pour nous obliger à le glorifier dans toutes nos œuvres, selon S. […] Et comme il est le principe de toutes nos bonnes œuvres, et que la grâce par laquelle nous les faisons est le fruit de sa Croix; nous le devons remercier de toutes celles que son esprit nous fait faire.
Ce qui est encore expressément marqué dans les Livres des constitutions Apostoliques, qui nous apprennent que les jours des Fêtes ne sont établis que pour le culte de Dieu, et afin que nous nous souvenions de sa naissance dans la chair, de sa mort, et de sa résurrection, et qu’étant remplis d’une joie toute spirituelle dans la vue de ses inestimables bienfaits, nous l’honorions par des actions de grâces, et par des œuvres de vertu. […] « Il faut savoir, dit-il, que l’on s’abstient des œuvres serviles, et des occupations mondaines les jours des Fêtes, afin que l’on soit dans une plus grande liberté d’aller aux Eglises, de chanter des Psaumes, des Hymnes, et des Cantiques spirituels, de s’appliquer à l’Oraison, de porter des Oblations à l’Autel, de prendre part à la grâce des Saints, par le souvenir de leurs vertus, de s’encourager, et de s’animer à leur imitation, d’écouter la parole Divine avec attention, et avec ferveur, et d’exercer la charité envers le prochain, et faire des aumônes. » In Resp. ad Bulgaros c. 11. […] Il ne faut pas omettre ces paroles excellentes du Concile de Fréjus : « Il faut, dit-il, s’abstenir les jours des Fêtes de toute sorte de péché, et de toute sorte d’œuvre sensuelle, ou terrestre ; et ne s’occuper à autre chose en ce saint temps, qu’aux exercices de l’Oraison, et à se rendre fidèlement aux assemblées qui se font dans les Eglises pour les Offices, avec une parfaite ferveur d’esprit Conc. […] a jugé que ceux qui dansent les jours des Fêtes violent le précepte qui nous oblige de les sanctifier ; et qu’ils pèchent même plus grièvement que s’ils étaient occupés à quelque travail mécanique, et à quelque autre œuvre servile, suivant cette parole de saint Grégoire, « C’est une chose plus tolérable de fouir la terre, ou de labourer un jour de Dimanche, que de danser. » Gregorius .