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93. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Idolatrie, ainsi que j’ai dit, est la mère de tous les jeux, laquelle afin que les Chrétiens fidèles aillent à elle, les amadoue et flatte par le plaisir des yeux et des oreilles. […] Ces jeux de prix Grégeoisu, ou en chants, ou en instruments de musique, ou en voix, ou en forces, ont pour leurs chefs, divers diables : et toute autre chose qui émeut et attire les yeux des Spectateurs, ou attraitv les oreilles, si on regarde son origine et institution, on trouvera que la cause est ou une Idole, ou un diable, ou un mort. […] Et ores quead je ne lui objecte point ce que par aventure il a commis, si est-ce qu’il a vu, ce qui n’était pas loisible de faire, et par appétit désordonné a conduit ses yeux, pour regarder un Spectacle d’Idolatrie, ayant été si téméraire, que de mener avec soi le saint Esprit au bourdeau s’il eût pu, pour ce que se hâtant d’aller voir ces jeux publics, et suivant sa coutume, ayant encore avec soi l’Eucharistie, la porter entre les corps des paillardes, méritant plus grièveae damnation d’avoir pris plaisir à contempler tels Spectacles. […] Les fidèles Chrétiens (comme nous avons dit par plusieurs fois) doivent fuir tous tels Spectacles tant frivoles, tant dommageables et sacrilèges, et garder diligemment nos yeux et nos oreilles : car nous nous accoutumons bien aisément aux vices, desquels nous oyonsak parler. […] toujours contempler son espérance, et ouvrir les yeux pour son sauvemental ?

94. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

On sort du spectacle le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, et l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le théâtre. » C’est là qu’un chrétien vient apprendre à commettre des crimes qu’il a sous les yeux et qu’il est forcé de considérer avec complaisance. […] Jean Chrysostôme5, que l’on rencontre par hasard dans la place publique, a souvent, par sa seule vue, allumé la passion dans l’âme de celui qui jette sur elle un regard indiscret, des hommes qui assistent aux spectacles, non par hasard, mais avec le plus grand empressement, qui abandonnent l’église pour s’y transporter, qui y passent des journées entières, les yeux attachés sur des femmes méprisables, pourront-ils dire qu’ils ont regardé ces femmes sans un mauvais désir ? Pourront-ils le dire, lorsque tout dans ces assemblées contribue à faire naître de mauvais désirs en nous ; des tons de voix languissants et voluptueux, des chants lascifs, l’art de peindre le visage, d’animer les yeux et la figure par des couleurs étrangères, une parure fastueuse et immodeste, les gestes, les postures, tout l’extérieur de la personne et mille autres moyens propres à attirer et à séduire les assistants ? […] si dans le saint lieu où l’on n’entend que des psaumes, des prières, les oracles divins, où tout inspire la crainte de Dieu et la piété, les désirs illicites se glissent quelquefois comme un voleur subtil ; comment des hommes, au théâtre, où ils ne voient et n’entendent que des choses qui portent au crime, dans le centre de la turpitude et de la perversité, investis par le vice, et attaqués de tous côtés par les yeux et les oreilles, comment pourraient-ils triompher des mauvais désirs ? […] Vous qui voyez une courtisane, revêtue d’habillements magnifiques, se montrer la tête découverte avec effronterie, avec un air et des gestes languissants et voluptueux, faisant entendre des chants lascifs, débitant des vers lubriques, prononçant des paroles obscènes, se permettant des indécences que vous regardez d’un œil attentif, et qui font sur vous une trop forte impression, vous osez dire que vous n’éprouvez aucune faiblesse ?

95. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Parce que le troisiéme Concile de Tours en la même annéeb, veut que les Ecclesiastiques s’abstennent de tout ce qui peut charmer les oreilles & les yeux, & amollir l’esprit, à cause que les oreilles & les yeux sont les portes par lesquelles les pechez trouvent aisément entrée dans l’esprit : Ab omnibus quæcumque ad aurium & ad oculorum pertinent illecebras, unde vigor animi emolliri posse credatur, Dei Sacerdotes abstinere debent, quia per aurium, oculorumque illecebras vitiorum surba ad animum ingredi solet. […] Ce mouvement des mains & des pieds, cet égarement & cette impudence des yeux, tous ces gestes compassez montrent qu’il y a quelque chose dans l’interieur qui répond au déréglement exterieur. […] On a raison d’inviter des joüeurs à ces assemblées, afin que l’ame estant occupée par les oreilles, les yeux ne s’offensent pas tant des mouvemens irréguliers des danseurs. […] C’est en ces occasions que les yeux se trouvent aussi libres que les mains ; qu’on se sert de paroles équivoques & à double entente ; que la foule des assistans excuse quantité de choses que la pudeur ne pourroit souffrir ailleurs. […] Il est bien difficile que les femmes & les filles l’y conservent à la vûë de tant d’hommes & de tant de garçons, & l’esprit estant si puissamment attaqué du côté des yeux par les ruses de nôtre ennemi, qui est si subtil. » Il n’est pas mal aisé de juger par tout ce que nous avons dit jusques ici, que la danse ne peut gueres passer pour un divertissement legitime & innocent.

96. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Dia, v. 4 dit, qu’elle est le prélude de l’impudicité ; et l’appelle un divertissement odieux aux yeux des honnêtes gens, et tout à fait indigne d’un homme. […] Vos bras et vos mains perdront leur force, vos yeux s’obscurciront, votre langue ne pourra plus se remuer, et votre voix peu articulée viendra tout d’un coup à vous manquer. […] Ou si vous voulez tourner les yeux de l’autre côté ? […] Que celui donc qui regardait auparavant les ouvrages des hommes avec étonnement, s’arrête à considérer ceux de Dieu, et se serve pour cela des yeux que la foi lui donne. […] On peut ajouter à ces sortes de divertissements des conversations honnêtes et édifiantes à des yeux innocents, qui ne servent qu’à se lasser l’esprit.

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