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340. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

On fait tout-à coup éclore dans son camp, une jeune Indienne qu’il n’a jamais vue ; le voilà subitement amoureux, au milieu du tulmute du camp, des préparatifs du combat, des dangers de la defaite ; un trait des beaux yeux de l’Indienne, perce son foible cœur, il quitte tout pour lui conter des fadeurs. […] Que ce même acteur parle en Iroquois, il se fera siffler, qu’il parle en scélérat, il sera applaudi ; un enfant bien né souffrira-t-il que pour se réjouir on représente à ses yeux la mort de son pere ? […] Souiller son esprit, son imagination, sa mémoire, son cœur, ses yeux, ses oreilles, sa langue, par une corruption même feinte ? […] Un enfant, un homme délicat, sera plutôt épuisé qu’un autre ; & un excès de passion, bien loin de produire la douce impression du plaisir, fait fremir les spectateurs, ils detournent les yeux de cette tête de Gorgone, qui au lieu de les amuser, les pétrifie.

341. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Voici comme il s’explique : je devins amoureux d’une Actrice qui joue le rôle de Chimene dans le Cyd ; elle joua si bien, que ne pouvant me contenir, je la suivis dans les coulisses, & lui chantois cette chanson : Chimene en voyant vos beaux yeux verser des pleurs si précieux, les miens rompent leur digue, & je suis tout rodrigue. […] Autre Dame, les yeux bandés, la balance à la main ; elle est conduite par une laide & vieille Dame appelée le nécessité, elle passe, & les Muses arrivent, qui donnent aux Jésuites des pleines cruches d’eau de l’Hypocrene : le Bédeau de l’Université, avec leurs masses, vont les recevoir, les Capucins & les Cordeliers qu’on traite fort mal, vont leur faire la cour. […] A-t-on entendu des spectacles, les yeux mouillés & l’ame seche ? […] Les yeux d’une jolie Actrice, Au teint vif, aux brillants appas, D’un coup d’œil, d’un mot ou d’un geste Brouillant le code & le digeste, Font mentir Barthole & Cujas.

342. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Le Clergé de France a toujours fait profession de le condamner & de l’interdire au second ordre, quoiqu’assez souvent on y ferme les yeux. […] Santeuil sans lui rien répondre, leva les mains & les yeux au ciel, dit avec beaucoup de feu ces mots Du Gloria : Tu solus Dominus, tu solus altissimus . […] Il lui fait bien plus d’honneur, parce qu’aux yeux du Souverain, & seul juste estimateur du mérite, les moindres œuvres de vertu sont plus prétieuses que les plus beaux chef-d’œuvres du vice. […] C’est une abomination même aux yeux des Laïques.

343. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

On prépare un équipage de Ministre à Melbourne pour suborner Letitie ; sur quoi celui-là demande « si on a pourvu à tout ; et on lui répond : A tout, Monsieur, à tout ; au large chapeau de saint homme, au petit rabat de Docteur sévère, au long manteau de Père en Dieu ; sans oublier l’emplâtre que j’ai ouï dire que le Tartuffe Filetexte porte sur l’œil pour toute marque de pénitence des iniquités de sa jeunesse, etc. […] « Leurs finesses ne sont pas bien cousues, ni fort cachées ; ce sont des coutures grossières et qui crèvent les yeux. […] Du reste, ils ne s’en tiennent pas à des paroles seulement : ils traduisent l’habit comme le ministère en ridicule : la farce se joue sous des dehors religieux et symboliques de chaque fonction sacrée : l’abus frappe par là davantage, le mépris de la Religion s’insinue avec plus de facilité, et la basse idée qu’on inspire du Sacerdoce revient naturellement à l’esprit, si tôt qu’un Prêtre s’offre à nos yeux. […] En un mot, si Messire Jean est coupable de bien des crimes, il n’est du moins ni un hypocrite ni un lâche aux yeux des hommes ; et de plus, ses crimes ne sont point imputés à son état, mais uniquement à sa personne.

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