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320. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

C’est là que tous les partis les plus opposés, mais tous également fanatisés par l’ignorance et la superstition, y sont armés les uns contre les autres sous les yeux d’un gouvernement paralysé. […] doivent-ils être réduits au rôle de témoins coupables des crimes qui se passent sous leurs yeux ? […] L’illustre écrivain, homme d’état et homme de lettres, que j’ai déjà cité (page 74), a donc eu raison de dire avec une sorte d’éloquence, et je le répète, que ce guerrier si prodigue du sang de ses propres soldats gagnait ses batailles à coups de générations ou à coups d’hommes, autant que je puis m’en souvenir, car je n’ai pas sous les yeux l’ouvrage dont j’ai tiré cette citation.

321. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

A la bonne heure, la religion Chrétienne passait bien pour une folie aux yeux des sages Païens : Gentibus stultitium. […] Le tumulte, les dissolutions, les irrévérences, montrent à l’oreille, au doigt et à l’œil, les suppôts et les amis du théâtre. […] Pour jeûner comme il faut, unissez-y la prière et l’aumône, le démon n’est vaincu que par ces armes ; offrez le sacrifice d’un cœur contrit, visitez les malades, rendez justice à vos frères, pratiquez les vertus, refusez-vous les plaisirs des sens ; faites jeûner vos yeux, détournez-les de la vanité ; faites jeûner vos oreilles, fermez-les aux mauvais discours ; faites jeûner votre langue, interdisez-lui les paroles inutiles ; faites jeûner votre cœur, n’y souffrez que de pieux mouvements ; faites jeûner votre esprit, rejetez toutes les mauvaises pensées.

322. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

S’il nous est ordonné de ne pas donner de mauvais exemples à la jeunesse, c’est parce que les enfants, n’ayant pas assez de lumière pour juger des choses par eux-mêmes, ni assez de force pour combattre leurs désirs, se laissent entrainer par les impressions de l’exemple, et ne peuvent, pour ainsi dire, éviter de se corrompre, si les exemples, qu’ils ont devant les yeux, sont mauvais : ajoutons que les Grands, les personnes élevées en dignité, les vieillards, etc. ont un grand ascendant sur l’esprit des enfants par le respect qu’on leur inspire pour eux, et que leur faiblesse leur fait naturellement concevoir : ainsi, lorsqu’ils voient assister au Théâtre toutes ces personnes respectables, ils ne peuvent s’empêcher de prendre, pour les Spectacles, un goût et un attachement proportionnés à l’idée avantageuse qu’ils se sont formés des Spectateurs.

323. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Le Théatre n’est pas fait pour jouer les héros modernes ; l’idée genérale de sa frivolité & de son infamie semble avilir les grands hommes dont il s’empare ; on lui abandonne les anciens & les étrangers, auxquels on ne s’intéresse point : mais on est révolté de voir servir à ces jeux ceux qu’on connoît, qu’on estime, qu’on aime, comme si on les voyoit insulter sous ses yeux. […] La France l’aime trop pour voir sans indignation mettre sous ses yeux ces momens malheureux où le masque tombe & le héros s’évanouït . […] L’honneur de la Varenne a fermé les yeux à son petit-fils. […] Pourquoi aller chercher des modeles après deux siecles, quand on en a sous les yeux ? […] On vit briller à Paris, dit le Cardinal, un prodige de beauté sur qui se tournoient les yeux de toute la Cour, & ceux du Roi plus passionnément que tous les autres.

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