/ 305
86. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Les uns n’ont que le dernier rang dans un Drame, & les autres en sont ordinairement les principaux personnages ; mais c’est une nouvelle découverte de l’esprit humain : on peut aussi bien rire des plaisanteries d’un savetier, que des ruses & des souplesses d’un valet intelligent. […] Mais c’est une nouvelle preuve de leurs beautés : un sot est plus difficile a émouvoir, à charmer, que celui dont le goût est éclairé ; il n’est pas aisé de se mettre à sa portée ; il faut que les bonnes choses soient, pour ainsi dire, palpables afin qu’ils les appercoivent & les applaudissent.

87. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

J’ai placé l’Epoque de sa véritable renaissance à Corneille, qui prit une route très-différente de celle des Grecs, & créa, pour ainsi dire, une nouvelle espece de Tragédie, qui est très-peu pleureuse.

88. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

en deux petites farces, composées en l’honneur de Moliere ; 2°. en son apothéose ; 3°. dans une statue à ériger à sa gloire dans le peristille de la nouvelle salle qu’on projette de bâtir. […] Les statues de Corneille, Racine, Voltaire orneroient le péristille de la nouvelle salle, que l’on projette de bâtir, & la France depuis long-tems, la plus heureuse rivale d’Athenes, dans les beaux arts, le seroit aussi dans les honnuers rendus à ceux qui les cultivent. […] Si jamais on fait une nouvelle édition de l’Avare, il faut y faire entrer parmi les traits d’Arpagon, l’annonce du projet de la statue, faite par le Kain, au nom de la troupe. […] Piqué de voir que les comédiens rejettoient opiniâtrement une piéce de sa composition, intitulée le Suborneur, parce qu’il y dévoile un peu trop les artifices des acteurs & des actrices, piéce qu’il avoit plusieurs fois retouchée ; il imagina d’appeller du tribunal des comédiens à celui du parterre, il porta sa cause, & la plaïda lui-même ; il monte sur un banc comme sur la tribune aux harangues, & demande audience à l’assemblée ; surpris de cette nouveauté, tout le monde se tourne vers lui, & l’écoute ; il enfile une nouvelle philipique, se plaint amérement de l’injustice des comédiens, & en particulier du sieur Preville, à qui il s’étoit adressé, qui avoit accepté la qualité de protecteur, & ne l’avoit pas plus ménagé que les autres ; ses larmes, son ton pathétique, la singularité de la scéne, le préjugé fort répandu, & trop juste contre la chambre ardente, dont les décisions dictées, par les présens, l’intrigue, les graces des actrices ont souvent excité des justes plaintes, intéresserent le grave Aréopage.

89. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

En voici un trait singulier, tout récent sur le théatre de Londres : on y a joué une tragédie nouvelle qui a été extrêmement applaudie, quoique médiocre. […] Pour prévenir l’innondation de galimathias, dont la grande nouvelle de la paix va ouvrir les écluses, nous enjoignons à tout écrivain de se souvenir qu’il est chrétien, & qu’il ne doit pas sacrifier l’Evangile à la poësie. […] Cette nouvelle espece d’arene alloit être ensanglantée : mais l’arrivée de Buck calma tout, on ne s’occupa plus que des combattans, & on parioit pour l’un & pour l’autre, comme dans le Cirque de Rome. […] Cette nouvelle attaque plus chaude que la premiere, est terminée par un coup décisif ; il est blessé à la jambe, & se confesse vaincu.

/ 305