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229. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Je sai que l’humeur inquiete des grecs a fait naître bien des évenemens : mais c’est a fréquentation & l’enthousiasme du théatre qui a exalté & porté à la démence leur inquiétude naturelle. […] Il faut avoir un fonds inépuisable, de la plus basse flatterie, pour pouvoir penser & oser dire qu’on peut faire un éloge du crime & du scandale, comme si indépendamment de la Religion chrétienne, comme si dans toutes les religions & dans tous les pays du monde, par la simple raison naturelle, un double adultere, qui a duré quinze ans, d’où il est venu sept à huit enfans reconnus pour illégitimes, & qu’on a légitimés, pouvoit jamais être excusé ; à plus forte raison, être la matiere d’un éloge. […] Une molle élégance, une facilité naturelle, une négligence voluptueuse, font le mérite de quelques riens, de quelques propos de table ; qu’on n’a tant vanté que parce qu’ils flattent le vice, qu’ils roulent sur le vin & les femmes.

230. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Je ne dis pas que ç’a été une morale de perfection seulement et de pur conseil : il n’y a qu’à peser leur termes et qu’à les prendre dans le sens le plus naturel et le plus commun : sur quel autre sujet se sont-ils expliqués avec plus de rigueur ? […] Parce que dans les nécessités publiques l’aumône coûteroit, et que le jeu en pourroit souffrir, on ne connoît point ce commandement ; on est témoin des miseres du prochain, sans en être ému, ou si le cœur ne peut trahir ses sentiments naturels, l’esprit n’est que trop ingénieux à imaginer des prétextes pour en arrêter les effets ; on est pauvre soi-même, ou volontiers on se dit pauvre lorsqu’il y a des pauvres à soulager, mais on cesse de l’être dès que le moment et l’occasion se présente de jouer. […] Rien dans l’ordre naturel ne m’est plus précieux que mon œil, rien ne m’est plus utile que ma main pour les actions de la vie, c’est mon pied qui me soutient et qui me conduit ; mais afin de me garantir d’une chûte mortelle, dont je serois menacé en les conservant, il n’y a ni œil, ni pied, ni main que je doive ménager : il faut sacrifier tout pour sauver l’essentiel et le capital, qui est la vie de l’ame : Si manus tua vel pes tuus scandalisat te, abscide eum et projice abs te.

231. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Qu’on examine de près ce nouveau disciple du théatre, même avec les dispositions les plus éloignées du vice ; ses vertus disparoissent bientôt, ses mœurs se corrompent, ses manieres décentes & naturelles se métamorphosent en affections ridicules, en complimens frivoles, en jargon théatral, qui annoncent un petit-maître, c’est-à-dire l’espece la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. […] Comme l’amour est le regne des femmes, l’effet naturel de ces Pieces est d’étendre leur empire, & donner des femmes pour les précepteurs du genre humain.

232. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Non pour les naturels du pays, qui n’en avoient que faire, mais pour les François. […] M. de la Boissiere est un grand peintre, il a dirigé le moule de son Confesseur, pour rendre au naturel, par ces symboles, l’ancien & le nouveau Sénat de la Province.

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