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110. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. […] « Je dis que selon moi, les Comédies de leur nature, et prises en elles-mêmes indépendamment de toute circonstance, bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. »p. 20. […] que ce qui est bon et mauvais en soi, ne peut changer de nature ; puisque tout est fixe et certain à l’égard de la vérité de Dieu : « Non potest esse aliud quod verè bonum est, et malum, omnia penes Dei veritatem fixa sunt. » Supposé ce principe, il faut considérer ce que c’est que la Comédie, car si tout ce qui est renfermé, et qui constitue sa nature est bon ; il faudra dire qu’elle est bonne. […] Voilà comme il faut considérer la Comédie, et ce qui en constitue la nature. […] Mais si cette profession est infâme, et infâmante pour des hommes ; combien l’est-elle davantage pour des femmes, et selon l’esprit du Christianisme, et selon la nature même ?

111. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

leur est favorable, en ce qu’il semble dire, que la Profession des Comédiens n’est pas mauvaise de sa nature et que l’on peut même contribuer à leur subsistance, pourvu que ce soit d’une manière modérée. « Officium histrionum, dit-il, quod ordinatur ad solatium hominibus exhibendum, non est secundum se illicitum, nec sunt in statu peccati ; dummodo moderate ludo utantur ; id est, non utendo aliquibus illicitis verbis, vel factis ad ludum, etc. […] parlant des vêtements dont chacun doit se servir par rapport à son sexe et à son état, que c’est une action vicieuse et condamnable de sa nature, qu’un homme se travestisse en femme ou une femme en homme. « De se vitiosum est, quod mulier utatur veste virili ; et è converso ». […] que la différence qu’il doit y avoir entre les habillements ordinaires qui sont propres aux deux sexes, et qu’il ne spécifie pas le changement qui s’en fait dans la représentation des pièces de théâtre ; mais la maxime qu’il établit, en disant, que c’est une chose mauvaise de sa nature, de se vitiosum est, que les hommes se travestissent en femmes, ou les femmes en hommes, suffit pour condamner cette pratique, excepté dans le cas de nécessité, où la Loi n’oblige pas. […] La première : parce que cette sorte de récréation étant par elle-même et par ses circonstances entièrement mondaine, et de la nature de celles que prennent les seules personnes du siècle, elle ne peut en aucune manière convenir à des Religieux, qui par la régularité de leur conduite, et par la sainteté de leur état doivent être très éloignés des maximes et des pratiques du monde, auxquelles ils ont absolument renoncé par leur profession solennelle. […] Qu’on ne nous dise pas, que ces sortes de divertissements se font d’une manière si secrète, qu’il n’est pas possible que les gens du dehors en puissent avoir connaissance ; car nous savons le contraire : puisqu’un Prêtre qui avait été Religieux dans un Ordre qui a de la réputation, nous a assure que cela s’y pratiquait dans le temps qu’il y était ; et il n’y a pas un mois qu’un Docteur de Sorbonne nous assura, que celui qui est le Maître de ces habits de théâtre, lui dit au mois de Janvier de cette année 1717. qu’il en avait fourni à une autre Communauté Religieuse, d’un Ordre même réformé, pour représenter dans le Convent une pièce de cette nature.

112. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Il faut convenir que personne n’a reçu de la Nature plus de talens que Mr. […] Ce même Pere prétend que Moliere est le seul parmi nous qui ait découvert ces traits de la Nature qui la distinguent & qui la font connoître. […] Voilà peut-être tout ce qu’on peut raisonnablement éxiger d’un Critique judicieux qui n’a pu refuser la justice que l’on doit à tout le monde, & qui n’a point cru devoir blâmer des qualités qui sont véritablement estimables, non seulement parce qu’elles viennent de la Nature, mais encore parce qu’elles ont été cultivées & polies par le travail & l’industrie particuliére du Poëte.

113. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

La premiere espèce se distingue par une pénétration vive & rapide, qui, sans effort, sans étude, découvre comme par instinct la nature des choses. […] Les autres sont dans l’homme, & expriment la nature de son esprit, de ses sentimens, de ses passions. […] Une amour-propre toujours dirigé à la perfection du Poéme, une étude constante des grands modèles de l’Histoire, & surtout de la Nature, un jugement sain indiqueront assez aux Auteurs la maniere la plus propre de traiter les mœurs, pour faire sortir les caractères, & leur donner ces convenances, cette qualité qui en constituent l’essence.

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